Le XVIIe siècle

Monday, March 06, 2006

Un "Grand siècle"

Le XVIIe siècle « le siècle classique »

Un "Grand siècle"


Le XVIle siècle est le siècle de l'ordre, de la grandeur et du classicIsme, sur fond d'autoritarisme gouvernemental et de pauvreté populaire. Pendant la première partie du siècle, la France domIne l'Europe par les lettres, les arts et les armes.

Le XVIIe siècle commence le 1er janvier 1601 et finit le 31 décembre 1700.Historiquement il commence en 1610 avec la régence de Marie de Médicis mère de Louis XIII et se termine en septembre 1715 avec la mort de Louis XIV.Ce siècle est souvent appelé le siècle de Louis XIV en France .L'édit de Nantes du 13 avril 1598 met un terme aux guerres de Religion. Mais l'assassinat d'Henri IV, en 1610, montre à quel point cette paix est fragile. De plus, il conduit Marie de Médicis à assurer la régence jusqu'à ce que le Dauphin, Louis XIII, soit en âge de gouverner. Le pouvoir monarchique doit alors affronter la noblesse qui, sentant ses prérogatives et ses privilèges remis en cause, conteste son autorité. Il doit également lutter contre les coalitions des protestants qui, en 1627, veulent faire de La Rochelle un État indépendant. En réponse à ces troubles, Richelieu mène une politique de répression devant conduire à la restauration de l'autorité royale. Toutefois, les tensions perdurent et elles conduisent à la Fronde de la noblesse qui fait paraître au grand jour les oppositions au système monarchique. Cette période coïncide avec un moment où le régime est affaibli. Louis XIV, âgé de cinq ans lorsque meurt Louis XIII, ne peut régner. C'est donc sa mère, Anne d'Autriche, qui assure la régence. L'impopularité de la politique menée par Mazarin, le successeur de Richelieu, cristallise les mécontentements. En 1648, l'insurrection du Parlement contre de nouvelles taxes entraîne dans son sillage une véritable guerre civile qui ne cessera véritablement qu'en 1652. Mais la Fronde se solde par la victoire du parti du roi et, contrairement à ce qu'elle visait, renforce l'autorité monarchique.

Avec l'avènement de Louis XIV s'établit l'ère la plus resplendissante de la monarchie absolue en France. La cour représente le plus grand centre intellectuel du pays, littérature et arts y sont associés dans le culte de la grandeur royale. La culture de la France (avec son art et sa littérature), ses acquisitions dans le domaine des sciences se trouvent à l'avant-garde de la culture, de la littérature et des arts européens. Tout comme la Pléiade, le XVIIe siècle se propose de rivaliser avec les Anciens mais il le fait avec un dessein réfléchi, avec méthode et non plus guidé uniquement par l'enthousiasme. Pour veiller aux principes, aux usages admis de la pensée et des arts de nombreuses académies sont fondées (l'Académie française — 1635, l'Académie de peinture et de sculpture — 1665, l'Académie des sciences — 1666). Le français devient la langue internationale de l'élite. Spécifiquement français, le classicisme, courant dominant du siècle, exprime le style de la monarchie absolue, nationaliste et centralisatrice. Il se répand peu à peu en Europe et impose un modèle du Beau qui se prolongera jusqu'au XVIIIe siècle. La gamme des écrivains, leur talent, leurs œuvres sont diversifiées et riches au cours du siècle, au sein même du classicisme.


Le XVIIe siècle est représenté en France par le déclin de deux pouvoirs internes au pays : celui du protestantisme (siège de La Rochelle par Richelieu en 1628, révocation de l'Édit de Nantes en 1685) et celui des Grands du royaume (mise en place par Louis XIV de la monarchie absolue de droit divin).La religion s'affirme. Après la Réforme protestante de Luther, affaiblie, après le désir de libre interprétation du divin, essoufflé, revient en force la culture chrétienne et biblique. Le XVIIe siècle est le siècle de Bossuet, de Pascal, du cardinal de Bérulle, de saint Vincent de Paul… Les théologiens se réaffirment et des querelles théologiques naissent entre les jésuites et les jansénistes

le siècle classique

Le XVIIe siècle est marqué en littérature par deux courants importants. L'un, plus long et paneuropéen, est le mouvement baroque, l'autre, plus spécifiquement français et moins long (il ne dure qu'un quart de siècle), c'est le classicisme. Cependant ce courant dominant s'est imposé dans la lutte idéologique contre le baroque. Quelque chose de plus, il ne s'agit pas d'une opposition de façon absolue entre les deux formes de pensée mais plutôt d'interférences, de complémentaires, de continuité. D'ailleurs, les notes de baroque et de classicisme sont utilisées bien plus tard dans la littérature. On ne retrouve jamais la théorie achevée de ces deux courants appliquée dans une seule œuvre. Le baroque et le classicisme coexistent, y compris chez un même auteur. Ces contrastes, cette diversité, cette complexité font le charme du siècle.

Enfin, l'héritage humaniste a aussi donné naissance à un mouvement très controversé mais dont l'influence sera importante, le libertinage. le XVIIe siècle hérite des tensions politiques et religieuses issues du XVIe siècle. Le pouvoir monarchique cherche à les endiguer en imposant un autoritarisme qui va croissant tout au long du siècle, et qui atteint son apogée sous le règne de Louis XIV.

Ces deux courants esthétiques avec deux tendances opposée sont à certains égards contradictoires: traduction privilégiée des émotions, déploiement parfois débridé de l'imaginaire dans le cas du Baroque, priorité à la raison et à la mesure dans les oeuvres marquées par le Classicisme. Néanmoins il est parfois difficile d'établir une frontière entre les deux mouvements.On peut en effet relever dans les deux cas des préoccupations liées au christianisme notamment l'obsession de la mort et du temps qui passe. En France, le baroque est réputé avoir eu peu d'impact. Nous proposons néanmoins à travers ces pages de constater la présence de l'esprit baroque à travers des oeuvres picturales et littéraires dont certaines figurent dans l'anthologie du Classicisme. Ces pages seront progressivement complétées. Cette opposition suscite des imprécisions dans les cas de certains auteurs comme Corneille ou Molière, mais elle est néanmoins éclairante.

Mais le XVIIème est avant tout le siècle classique c’est un siècle qui aime l’ordre et qui a le goût profond de l’indépendance . le classicisme se définit surtout dans la seconde moitié du siècle . car les œuvres publiée dans la première moitié sont d’une diversité bien surprenant , puisque les thème et formes littéraires du siècle précédent persistent .

1600-1660 : ordre et prestige

• Henri IV (mort en 1610) donne à la France paix et prospérité.
• En politique, Richelieu (mort en 1642), lucide et intransigeant, puis Mazarin (mort en 1661), diplomate et insinuant, établissent solidement la royauté absolue en bridant les protestants et les nobles, dont la Fronde (1642) est la dernière velléité d'indépendance. Le roi est très puissant : tout le monde a les yeux fixés sur Versailles.
• Dans les salons s'impose l'idéal de l'honnête homme : à la recherche d'une élégance physique et morale, cultivé, sociable, aimable, il tend par tous les moyens à se perfectionner toujours davantage,
• Pour la langue française et sa littérature, Richelieu fonde l'Académie française en 1635. Il organise ainsi en corps constitué une assemblée de bourgeois qui se regroupaient hebdomadairement pour parler littérature et lire leurs productions. Le but de cette assemblée placée sous la protection du Cardinal est de perfectionner la langue française, notamment en composant des instruments de référence : un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique, une poétique. Le besoin d'ordre qui domine tout le siècle apparaît dans un ouvrage de l'académicien Vaugelas (1585-1650), (1647), destiné à fixer le bon usage (« celui de la plus saine partie de la cour»), en affaiblissant le mauvais usage ou usage populaire.
•Au théâtre, le besoin d'ordre et de rigueur trouve son expression dans une contrainte - le dramaturge doit respecter la règle des trois unités - lieu, temps et action

1598-1630 : Le baroque dominé

Les caractéristiques du baroque

L'une des grandes idées du baroque est que le monde est en train de se construire. Rien n'est définitif. L'univers n'est pas donné une fois pour toutes, mais est sans cesse en évolution. Le baroque refuse le figé. Il est convaincu que tout se modifie, que tout se transforme, que tout se change. Il est, par exemple, très sensible à la nature, parce que, pour lui, les modifications qu'elle subit, la succession des saisons, sont des signes palpables de ces transformations incessantes.

L'homme baroque refuse de s'enfermer à l'intérieur de lui-même. Il est largement ouvert sur l'extérieur. Il aspire à s'emparer de toutes les expériences qui s'offrent à lui, à les utiliser pour son épanouissement comme remèdes à l'aliénation. C'est pourquoi les romans de l'époque sont emplis d'événements et se déroulent dans des lieux multiples et divers.

Le baroque rejette l'absolu : il ne croit pas en des vérités définitives, mais pense au contraire que tout relève des apparences. Ce qui compte pour lui, n'est pas ce qui est, mais ce qui paraît être.

Le goût de l'ornement, voire de la surcharge, l'attirance pour le mouve ment et pour la ligne courbe, le culte du lyrisme et du pathétique, la recherche du concret manifeste dans l'emploi des images autant de traits qui donnent à l'expression baroque une grande sensualité.
La pensée libertine

Le mot libertinage ne désigne pas, comme aujourd'hui, la pratique de moeurs dissolues. Il s'applique à un mouvement de contestation qui refuse l'idéologie dominante.

Les libertins partent d'une conception philosophique, le matérialisme, qui explique tout à partir de la matière. Ils contestent Dieu. Ils remettent ainsi en cause la validité d'une société et d'une monarchie dont le pilier principal est la religion.

La morale des libertins s'inscrit dans cette perspective : Dieu n'existant pas, l'homme doit réaliser son épanouissement sur cette terre, recher cher les plaisirs offerts par la nature, mais avec une certaine modération dictée par la raison.

1630-1661 : Vers la normalisation et le classicisme

Un homme soumis à la fatalité

Le monde classique est donc un monde qui dépend de règles de fonctionnement très strictes. Il en est de même de l'homme qui apparaît profondément aliéné, soumis à son destin imposé par Dieu.

Il est étroitement subordonné à la fatalité qui, inexorablement, malgré ses efforts, le conduit à sa perte : tels se révèlent les personnages du théâtre de Racine qui sont dans l'incapacité de faire un choix, d'imposer leur volonté.

La poésie précieuse

Parallèlement au burlesque, la préciosité connaît un grand essor. Ce courant littéraire tourne le dos au réalisme et s'oppose donc au burlesque. Mais, comme lui, il s'inscrit dans une perspective résolument baroque. Comme le baroque, l'écriture précieuse est marquée par une subtilité d'expression destinée à rendre compte de la complexité du monde. Comme lui, elle recherche l'effet. Comme lui, elle accumule les images et utilise la métaphore, procédé qui consiste à supprimer le second terme d'une comparaison, à dire, par exemple, pour désigner un siège, les «commodités de la conversation», au lieu de préciser : «un siège, c'est comme les commodités de la conversation». Mais il s'agit d'un baroque spécifique fait de légèreté et de badinage.


La Préciosité

Phénomène social et littéraire qui se développe au début du XVIIème siècle en France. La Préciosité désigne un courant, une manière de vivre, de penser, de parler qui s'étend environ de la fin du règne de Henri IV en 1610 à l'avènement de celui de Louis XIV en 1661.C'est une réaction des milieux aristocratiques contre les moeurs grossières et bourgeoises qu'avaient propagées la cour d'Henri IV et à la faveur du désoeuvrement dans lequel se trouve le"grand monde" dans l'accalmie politique qui suit la Fronde.

Dès 1600, les courtisans, les lettrés amateurs de politesse, de conversations raffinées, prennent l'habitude de se réunir dans des hôtels aristocratiques pour échanger dans le domaine des"choses de l'esprit". Le premier grand et célèbre Salon, fut celui de la marquise de Rambouillet. Il couvrit la période d'existence et d'influence de ce que l'on nomme la Préciosité de 1620 à 1665.

Entre gens de bonne société, le désir de se distinguer passe avant tout : c’est vouloir « donner du prix » à sa personne et à son langage. Il est évidemment difficile d’étonner par l’originalité de la pensée. C’est pourquoi les précieux s’attachent surtout à la forme de leurs propos. Ainsi s’instaure un véritable « jargon » précieux. Les esprits recherchent les bons mots et des expressions peu communes. Les richesses du vocabulaire par exemple sont source d’inspiration pour les précieux. On veille donc à épurer son style ; on renie les termes réalistes qui éveillent des images insupportables : « charogne, vomir, balai... ». Ceci amène à périphraser et faire preuve d’une grande ingéniosité. « les pieds : les chers souffrants, le fauteuil : les commodités de la conversation, les dents : l’ameublement de la bouche... ». Mais quand ces moyens ne suffisent plus à combler les belles dames, les néologismes en tous genres sont la preuve irréfutable d’un esprit hors du commun : « féliciter, enthousiasmer, savon, anonyme, incontestable... ».

Le principal sujet de conversation des précieuses est l’amour. Elles aiment la galanterie, les convenances respectées et l’amour romanesque. Néanmoins, la préciosité à son propre style littéraire ; le plus célèbre des romans fleuves est « l’Astrée » d’Honoré d’URFE. Mais les autres grands esprits de l’époque attaquent les précieux sans « pincettes ». Notamment Molière qui, dans sa pièce « Les précieuses ridicules » dénonce les extravagances de mauvais goût. En effet, les dames comme Mlle de Scudéry portent des costumes chargés, voulant se distinguer même par l’habit. Elles portent des coiffures en pointe, à la picarde ou à la paysanne ; elles brandissent d’un air badin de petites cannes et abusent de rubans...les hommes ne sont pas en reste. En effet, la perruque longue, les plumes extravagantes au chapeau sont à la « mode ». Pour couronner le tout, on abuse de parfums et de fards. De ce mouvement est donc né une nouvelle sensibilité littéraire qui a contribué à la formation de la langue française. Il est indéniable que les femmes ont joué un grand rôle dans son épanouissement. De même, le goût frustre de l’aristocratie de l’époque est remplacé par des comportements et des langages raffinés.
( voir La Préciosité en France au XVIIème )

Le terme "précieux" existe dès le XIIème siècle dans son sens actuel de « valeur, rareté ». Dès le XIVème, il se double d'un autre sens, et désigne certains manèges de la féminité « les manières affectées ». Disons que strictu sensu, ce terme doit être réservé à un phénomène social et littéraire qui émerge entre 1650 et 1660. La principale caractéristique - qui sera développée ci-dessous - est : La volonté d'épuration des mœurs, de la vie amoureuse et du langage ...

Le roman précieux

sous le règne de Louis XIII, la reprise de la guerre réactive l'intérêt pour le héros guerrier, au détriment du berger. Le roman héroïque, pendant romanesque des tragédies de Corneille et héritier des romans de chevalerie médiévaux, est centré sur des valeurs fortement masculines : il exalte l'honneur, la rivalité, la conquête.

Le roman précieux se recentre ensuite sur des valeurs plus féminines : l'aventure et l'histoire, toujours présentes, deviennent une simple toile de fond, un décor ornemental, tandis que l'intérêt se déplace vers l'analyse des sentiments, de l'intimité du coeur et de l'esprit. Dans ce roman idéaliste, les transports de la passion amoureuse sont décrits de manière éthérée et sublime, dans une utopie relationnelle dont la célèbre Carte du pays de Tendre est la représentation spatiale et emblèmatique.cette romans Inspiré des romans courtois et des romans de chevalerie, c'est un long récit d'aventures héroïques et sentimentales dans un décor pastoral.

Cette carte figure dans le plus célèbre des romans précieux : Clélie de Madeleine de Scudéry. Orpheline très jeune, dotée d'un énorme appétit de savoir, celle-ci reçoit de l'oncle ecclésiastique qui l'a recueillie un enseignement approfondi, exceptionnel pour une jeune fille, rejette la domination masculine en ne se mariant pas, et anime à partir de 1647 un cercle littéraire fréquenté par La Rochefoucauld, Madame de Sévigné, ou Madame de La Fayette. Elle est l'auteur à succès de poèmes mais surtout de romans à clés, où des aventures militaires et amoureuses situées dans la Perse ou la Rome antique sont prétexte à la représentation de ses contemporains.

Tous les romans précieux sont caractérisés par leur luxuriance, qui constitue probablement le principal obstacle à leur survie (dès la fin du siècle, Madame de Sévigné comparera l'effet des romans de La Calprenède à celui de la glu). Ce sont des romans fleuves : Clélie atteind 13 000 pages et le sommet de l'inflation est atteind par Cléopâtre avec 15 000 pages.

L’Astrée est le premier roman précieux(1608 ) qui présente une société élégante , raffinée , délicate , bien différent du laisser-aller des manière et du langage de l’époque et qui semble être la société idéal . En même temps Mme de Rambouillet fait venir chez elle des gens distingués , comme Richelieu , le duc de la Rochefoucauld , le Grande Condé et des écrivains . De là , le mouvement précieux commence exister et s’étende sur tout le XVIIème siècle .
( lisez Astrée )

Les salons

La société des salons est née en Europe au, XVIIème bien que l'expression, à cette époque, ne soit pas parfaitement intégré dans les langages. La vie de coeurs est devenue si grossière, que les courtisants épris de politesse et conversation galante prennent l’habitude de se réunir dans quelques hôtels aristocratiques.
Les maîtresses des salons reçoivent souvent leurs hôtes dans une chambre, assises sur le lit. Les courtisans forment ainsi un cercle autour de la maîtresse de maison.

Salon littéraire parisien qu'anima, de 1620 à 1660, Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet et que fréquentèrent d'illustres aristocrates et gens de lettres (Malherbe, Mme de Sévigné, Vaugelas, Mme de La Fayette, Voiture, Corneille). Aristocrate cultivée et pleine d'esprit, Catherine de Vivonne se retire de la cour, qu'elle trouve trop brutale de mœurs et trop pauvre de pensée, afin de recevoir dans son salon les plus beaux et les plus délicats esprits du temps. Intelligente et éprise de culture, celle que l'on surnomma "l'incomparable Arthénice" (anagramme de Catherine) accueillit au premier étage, dans la "chambre bleue" de son hôtel, situé entre le palais du Louvre et le Carrousel (rue Saint Thomas du Louvre) des aristocrates et d'éminents gens de lettres. Ce salon, comme la plupart des salons littéraires du XVIIe s., est situé dans le quartier du Marais (rive droite de la Seine, près de l'actuel Hôtel de ville et de la place des Vosges). C'est le nouveau centre culturel parisien.

La jeune femme précieuse reçoit chez elle, dans sa chambre : à l'époque, ce n'est pas considéré comme inconvenant. Elle est allongée, sur le lit, au milieu de la pièce. Les hommes et les femmes qui lui rendent visite sont assis autour d'elle, dans l'espace entre le lit et le mur. Chacun, selon son rang, est assis sur une chaise, un tabouret, ou sur le sol... On nomme cet espace où se tiennent les invités "la ruelle".

Cette habitude de recevoir chez soi un public choisi et de se distraire de cette façon se nommera "tenir" ou "faire" salon. Les salons de la préciosité sont nombreux. Ils se situent pour la plupart à Paris, et dans le même quartier. Les femmes de la haute société parisienne reçoivent dans leur hôtel particulier, l'après-midi ou en soirée, à tour de rôle, une fois par semaine. Tous les salons ne sont pas précieux, cependant. Il en existe où l'on s'amuse simplement, de façon plus libertine, comme celui de Ninon de L'Enclos, une courtisane réputée...
Dans les salons précieux, on joue à des jeux de société, on rédige des poèmes, on parle de philosophie, de science, de grammaire ou d'amour. Ce dernier sujet est très prisé.

réunions d'hommes de lettres et de beaux esprits qui eurent lieu, en France, dans les milieux mondains et lettrés à partir du XVIIe siècle. Les premiers salons littéraires se tiennent à Paris au XVIIe siècle et réunissent des personnalités de l'aristocratie, de la politique, des lettres et des arts pour des conversations littéraires, morales, galantes ou philosophiques, qui ont lieu régulièrement (souvent de façon hebdomadaire). Vers 1613, Mme de Rambouillet tient le salon de l'hôtel de Rambouillet, Sur son exemple, de nombreuses dames du monde ouvrent leur salon : Mademoiselle de Scudéry, Mme de Sévigné (Hotel Carnavalet, aujourd'hui transformé en musée) et Mme de La Fayette sont de celles-là.


MME DE RAMBOUILLET

D'origine italienne, Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1588-1665) a été mariée à l'âge de 12 ans au marquis de Rambouillet. Elle a dessinée elle-même son fameux Hôtel de Rambouillet, maintenant disparu et englobé par le site du Louvre. Dans sa Chambre bleue, elle a tenu le premier salon parisien célèbre. D'Italie, elle a emmené du bon goût et des moeurs raffinées qui contrastaient vivement avec la grossièreté du règne contemporaine, celui de Henri IV. Elle et son salon ont exercé une grande influence sur la langue française et sur la littérature du début du 17è siècle. Molière a raillé les manières des familers de la Chambre bleue avec sa pièce .

( voir LA CARTE DU TENDRE )

Les Principaux salons du XVIIème siècle :( Le Quartier du Marais ,L'Hôtel de Rambouillet , Le Salon de Mlle de Scudéry )

Quelques thèmes

Le grand thème précieux est de galanterie : à peu près dans la tradition pétrarquiste. Beauté de la belle inhumaine : douleur du soupirant, de l'amoureux transi. On ne va pas beaucoup loin.

( voir : Salons français XVIIe siècle )

Les Précieuses

Les principales Précieuses tenaient des salons où on jouait aux jeux galants. Mme de Rambouillet, une Italienne mariée jeune à un noble Français, en avait le "premier" et c'est elle qui est largement responsable du raffinement du langage et des moeurs français au dix-septième siècle. L'heritière du monde de Mme de Rambouillet, Mlle de Scudéry était une précieuse par excellence. Chez elle, on discutait principalement de la littérature et de la galanterie, et aussi on jouait, par exemple à la Carte du Tendre. D'autres salonnières incluent Mme de Lafayette, Mme de Sévigné, Mme Scarron (jeune femme du poète Scarron, à devenir plus tard Mme de Maintenon), Mme de Sablé et de Mme de Sully.

Mme de Sévigné (1626 - 1696)



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Elle reçut une éducation riche et variée, fondée essentiellement, comme c'était souvent le cas à l'époque pour les filles, sur les belles-lettres et l'étude des langues.
Mme de Sévigné fréquenta à Paris une société choisie, en particulier celle de l'hôtel de Rambouillet, où elle se lia d'amitié avec La Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou encore Fouquet. En 1646, elle mit au monde une fille, Françoise-Marguerite, puis, en 1648, un garçon, peu avant de perdre son mari, qui fut tué lors d'un duel en 1651.

Dès lors, libérée de toute obligation de résider en Bretagne, Mme de Sévigné s'installa à Paris, où le pouvoir de séduction de son esprit lui attira de nombreuses et durables amitiés, comme celles de Mme de La Fayette, Jean Chapelain ou de Gilles Ménage. Malgré les diverses occasions qu'elle eut de se remarier, elle décida de se consacrer exclusivement à sa vie mondaine, d'une part, mais plus encore à l'éducation de ses enfants.

Femme de lettres française qui, dans la correspondance qu'elle adressa à sa fille, fit la chronique spirituelle et sensible de la cour et des salons parisiens.

Madeleine de Scudéry (1607 - 1701)

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Madeleine de Scudéry reçut une éducation très solide, chose encore rare pour une jeune fille de son époque. En 1639, elle gagna Paris et fit son entrée dans le monde des lettres parisiennes en fréquentant l'hôtel de Rambouillet. Elle y brilla par sa culture et son esprit, et sa réputation fut telle qu'elle lui permit de créer par la suite(1657) son propre salon littéraire, rue de Beauce, qui devint très vite à la mode. Elle y reçut des écrivains de renom et des amateurs des belles lettres très distingués. Mme de La Fayette, Mme de Sévigné, Mme Scarron (future Mme de Maintenon), M de La Rochefoucauld participèrent à ces réunions littéraires. Théoricienne de l'amour galant, Madeleine de Scudéry choisit de rester célibataire par goût et par conviction.

Ses romans sont de longs récits ayant pour thème central l'amour, dont Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) et Clélie, histoire romaine (1654-1660) sont les plus connus. Ces romans à clés, écrits dans un style raffiné, rencontrèrent un succès immense auprès de l'aristocratie et de l'élite littéraire : le public de l'époque s'amusa à reconnaître les personnes réelles décrites dans le Grand Cyrus, où Madeleine de Scudéry se donnait le nom de Sappho.
Ces ouvrages devinrent bientôt les ouvrages de référence de l'aristocratie en matière de préciosité.

C'est dans Clélie que se trouve la carte du Tendre, cette représentation topographique et allégorique du pays de l'amour, où l'amant doit trouver le chemin du cœur de sa dame entre maints périls et maintes épreuves. Cette carte définit une sorte d'idéal du comportement amoureux, fait d'attentions et de respect en même temps que de dévotion, de persévérance et de mesure en même temps que d'ardeur.
Madeleine de Scudéry et la préciosité furent ridiculisées par Molière dans les Précieuses ridicules, mais elle nous apparaît aujourd'hui comme une figure importante de son temps, pour avoir tenté d'imaginer les relations entre hommes et femmes d'une manière tout à fait moderne pour l'époque.


Madame de La Fayette (1634 - 1693)

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Romancière française. Elle devint demoiselle d'honneur de la reine mère Anne d'Autriche, ce qui lui permit d'entrer en relation avec l'aristocratie du temps, se lia avec Mme de Sévigné (1657), et fréquenta le salon de Mme du Plessis-Guénégaud. Ayant épousé le comte de La Fayette (1655), elle vécut avec lui sur ses terres d'Auvergne jusqu'en 1660, date à laquelle elle revint à Paris. Dans le salon qu'elle y tint, elle reçut Gilles Ménage, qu'elle rencontra en 1651 et qui tomba amoureux d'elle, et le duc de La Rochefoucauld, avec qui elle noua, en 1665, une relation d'amitié qui ne s'éteindra qu'à la mort de celui-ci (1680). Familière des salons littéraires de la capitale, citée dans le Dictionnaire des précieuses (1660) de Somaize, Mme de La Fayette ne tarda pas à s'adonner à la littérature. En collaboration avec Ménage, elle composa d'abord une nouvelle, la Princesse de Montpensier, (1662) que, par souci de son rang, elle fit paraître anonymement (il n'était pas d'usage, au XVIIe siècle, qu'un aristocrate, et surtout une femme, publiât un roman). En 1678, elle publia, sous l'anonymat, la Princesse de Clèves. Assez vite attribué à Mme de La Fayette, cet ouvrage passe pour le chef-d'œuvre du roman classique et pour le modèle du roman d'analyse psychologique. Toute une tradition romanesque au XVIIe siècle est fondée sur l'analyse du sentiment amoureux, en particulier les romans précieux, romans fleuves alourdis d'interminables digressions qui tentent de décortiquer les mécanismes du cœur. Héritier de cette tradition, la Princesse de Clèves doit son exceptionnelle réussite à ce qu'il associe de façon équilibrée l'action et l'analyse psychologique, dans le cadre d'un récit bref, ayant pour toile de fond historique la vie à la cour d'Henri II.
( voir : Précieux et Précieuses )


1661-1680 : monarchie absolue et classicisme

Poésie : la décadence

En accordant une place prépondérante à la raison, la période précédente mettait déjà gravement en danger la poésie. La décadence s'accentue. La volonté d'instruire l'emporte sur l'inspiration lyrique; la véritable poésie cède au prosaïsme.
Roman : la remise en cause

Le roman subit lui aussi, une grave crise d'identité. Le rejet de l'idéalisme, la remise en cause du roman historique débouchent sur une tendance à la parodie des thèmes traditionnels et sur une conception réaliste.

Théâtre : la stagnation

Cette période est caractérisée par le maintien de la tradition théâtrale précédemment établie. Les efforts d'innovation ne sont guère impor tants. Le genre comique accentue encore sa prééminence au détriment de la tragédie qui s'effondre.

La seconde partie du règne de Louis XIV, marquée par l'austérité des moeurs et par les attaques contre les spectacles, n'est pas propice au développement du théâtre qui ne se renouvellera que plus tard, avec Marivaux et Beaumarchais.
Le XVIIe siècle hérite des tensions politiques et religieuses issues du XVIe siècle. Le pouvoir monarchique cherche à les endiguer en imposant un autoritarisme qui va croissant tout au long du siècle, et qui atteint son apogée sous le règne de Louis XIV.

L'édit de Nantes du 13 avril 1598 met un terme aux guerres de Religion. Mais l'assassinat d'Henri IV, en 1610, montre à quel point cette paix est fragile. De plus, il conduit Marie de Médicis à assurer la régence jusqu'à ce que le Dauphin, Louis XIII, soit en âge de gouverner. Le pouvoir monarchique doit alors affronter la noblesse qui, sentant ses prérogatives et ses privilèges remis en cause, conteste son autorité. Il doit également lutter contre les coalitions des protestants qui, en 1627, veulent faire de La Rochelle un État indépendant. En réponse à ces troubles, Richelieu mène une politique de répression devant conduire à la restauration de l'autorité royale. Toutefois, les tensions perdurent et elles conduisent à la Fronde de la noblesse qui fait paraître au grand jour les oppositions au système monarchique. Cette période coïncide avec un moment où le régime est affaibli. Louis XIV, âgé de cinq ans lorsque meurt Louis XIII, ne peut régner. C'est donc sa mère, Anne d'Autriche, qui assure la régence. L'impopularité de la politique menée par Mazarin, le successeur de Richelieu, cristallise les mécontentements. En 1648, l'insurrection du Parlement contre de nouvelles taxes entraîne dans son sillage une véritable guerre civile qui ne cessera véritablement qu'en 1652. Mais la Fronde se solde par la victoire du parti du roi et, contrairement à ce qu'elle visait, renforce l'autorité monarchique.

Louis XIV commence véritablement à régner à partir de 1661. La politique qu'il mène jusqu'à sa mort, en 1715, a pour objectif la centralisation du pouvoir. Pour y parvenir, il restreint les prérogatives du Parlement ainsi que les privilèges du clergé. Mais il domestique également la noblesse en la rassemblant autour de lui. L'esthétique classique, qui se développe alors, est étroitement liée à ce projet. Les pensions royales accordées aux artistes s'inscrivent dans cette stratégie qui impose bientôt la norme du bon goût. La littérature de la seconde moitié du XVIIe siècle est donc fortement influencée par les options politiques de ce roi qui prend le soleil comme symbole de son autorité. Ainsi, les "privilèges du roi", nécessaires à toute publication sous peine de poursuite, agissent comme un organe de censure. Mais la vie littéraire est également marquée par les tensions religieuses qui persistent. Une politique de plus en plus répressive est menée à l'égard des protestants. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, leur interdit d'exercer leur religion.

On a coutume de discerner durant le XVIIe siècle le développement de deux tendances opposées : le baroque et le classicisme. Cette opposition suscite des imprécisions dans les cas de certains auteurs comme Corneille ou Molière, mais elle est néanmoins éclairante.

On appelle baroque l'esthétique du début du XVIIe siècle. Emprunté au vocabulaire de la joaillerie, où il désigne une pierre aux contours irréguliers, cette notion imprécise est caractérisée par le goût du mouvement, de l'abondance décorative, du fragment, du possible, de la ligne courbe, du mystère, du tragique, voire du morbide. En littérature, il regroupe des auteurs aujourd'hui peu lus comme Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac, ou Racan, mais aussi le Corneille des comédies. Ce courant rencontre un grand succès auprès des lecteurs qui y trouvent peut-être un exutoire aux troubles et aux incertitudes de leur époque.

En architecture et en musique, le baroque bénéficie de la Contre-Réforme que l'Église met en place pour lutter contre la propagation du protestantisme. L'art religieux devient à cette occasion fastueux et édifiant. Mais, en littérature, il est surtout influencé par les grandes découvertes qui remettent en cause tout ce qui était jusqu'à présent admis comme des vérités. La place accordée à l'individu lui-même, la relativité des coutumes et des mœurs en fonction des pays, et les découvertes astrologiques sont autant d'éléments qui trouvent un écho dans la littérature baroque. Le courant libertin, qui rassemble les libres penseurs et ceux qui s'opposent à l'Église, s'inscrit dans cette perspective. Il attire ceux qui, comme Théophile de Viau ou Cyrano de Bergerac, défient les croyances et les certitudes. Cette littérature, qui tend à devenir une littérature d'idées, annonce celle du siècle des Lumières.

Mais au désordre baroque succède un mouvement de réaction qui, accompagnant la reprise en main politique qui suit la période de la Fronde, témoigne d'un souci d'épurement. On a pris l'habitude, depuis le XIXe siècle, de désigner cette réaction qui triomphe avec le pouvoir absolu du Roi-Soleil, sous le nom de classicisme littéraire. Il rassemble ce qui relève du respect de l'ordre, d'une valorisation de l'esprit rationnel, de l'idéal de beauté, de la construction régulière, de l'harmonie, et de la transparence. Il correspond à la volonté d'édifier des règles de l'art, de codifier la poésie, et de perfectionner l'usage de la langue grâce à des instruments comme le Dictionnaire, dont la réalisation est confiée à l'Académie française que Richelieu fonda en 1635. Ce courant bénéficie de la politique fédératrice de Louis XIV, et regroupe des écrivains comme Malherbe, Madame de Lafayette, Bossuet, La Fontaine, Boileau, Racine, ou encore Fénelon.

À partir des années 1660, la littérature développe de plus en plus une tendance moralisatrice. Les Satires (1665) de Boileau font preuve, derrière l'acidité de certaines descriptions, d'une portée moralisatrice évidente. Son Art poétique, publié en 1674, témoigne de cette propension du classicisme à lier morale et codification de la littérature. Cette tendance moralisatrice, qui trouve son expression la plus achevée dans l'œuvre d'un La Rochefoucauld, est à rapprocher du mouvement intellectuel et religieux que fut le jansénisme. L'œuvre dont le jansénisme s'inspire est l'Augustinus (1640) de Jansénius, où sont développées deux thèses principales : la volonté humaine n'est plus jamais libre de tout tenter pour obtenir le salut (liberté perdue depuis le péché originel, qui inflige à chaque être humain, dès sa naissance, la damnation éternelle), et ce salut est seulement accordé, arbitrairement par Dieu, à un petit nombre d'élus, contrairement à ce que soutiennent les jésuites, autres catholiques aux yeux de qui un comportement d'une piété exemplaire permet d'obtenir le salut. Établi à Port-Royal, l'influence de ce courant est manifeste dans l'œuvre de Pascal ou de Racine. D'une manière générale, le jansénisme fut essentiel au développement de la littérature "classique".

Le courant de préciosité qui connaît un grand succès auprès de l'aristocratie, relève également de cet esprit classique. Il engendre l'idéal de la finesse de l'esprit, de la maxime habilement tournée, de l'élégance et de la distinction du langage, et permet aux femmes de rentrer dans la vie littéraire grâce au phénomène social que sont les salons, comme par exemple, celui de la marquise de Rambouillet.

1660-1685 : étonnement et éblouissement

Tandis que Louis XV étonne l'Europe et l'éblouit de l'éclat de sa cour, une architecture grandiose et imposante voit le jour, En 1665, sur les plans de Mansart, on achève le Val-de-Grâce, à ParisHarcicuin- Mansart, à qui on doit les Invalides, dirige les agrandissements du palais de Versailles, dont Le Nôtre dessine les jardins, En peinture, c'est le règne de Lebrun, Poussin et Philippe de Champaigne.


mouvements d'idées au XVIle Siècle

- Le jansénisme. Mouvement intellectuel et religieux, le jansénisme a une bible, publiée en 1640 - un ouvrage posthume de Jansénius (ou Jansen), évêque d'Ypres. Dans l'Augustinus, Jansénius avance la thèse que la volonté humaine n'est jamais libre, et que la grâce du salut n'est accordée par Dieu qu'à un petit nombre d'élus : les prédestinés.
- Le lieu d'élection du jansénisme en France est un couvent de femmes situé aux environs de Paris, dans la vallée de Chevreuse, Port-Royal. L'abbesse de Port-Royal, Angélique Arnauld et son frère, surnommé le grand Arnauld, propagèrent la doctrine et accueillirent des religieux et des laïcs désireux de suivre l'enseignement janséniste, et de vivre conformément à ses règles : les « Solitaires » ou les « Messieurs» de Port-Royal. Les Jésuites s'opposèrent à cette doctrine et l'histoire de Port-Royal est entrecoupée de querelles et de persécutions : emprisonnement en 1638 d'une haute figure du jansénisme, Saint-Cyran, surveillance policière des religieuses qui ont refusé de signer un document désavouant Jansénius, etc. En 1705, la situation se dégrade ' elle aboutira en 1709 à la dispersion définitive des religieuses, et, en 1712, à la destruction des bâtiments.

- La pensée janséniste eut une influence profonde sur la littérature : elle domine l’œuvre de Pascal, elle marque celle de Racine et laisse son empreinte dans les oeuvres de Madame de La Fayette, Boileau et La Bruyère

- Le mouvement libertin. Ce courant est lié à une crise d'incrédulité qui éclate au début du XVI le siècle, le poète Théophile de Viau, par exemple, appartient à ces esprits qui avancent que 1 univers n'est pas régi par Dieu mais par une force inconnue, Théophile de Viau sera banni puis emprisonné Autre penseur libertin célèbre, Gassendi (1592-1655) ressuscite le courant épicuriste, la doctrine du philosophe Épicure, né à Athènes (ou s 8~n0s) en 341 et mort à Athènes en 270 av J -C Il réunit autour de lui des lettrés épris de philosophie qui pourchassent la sottise et la superstition et se réunissent chez les frères Dupuy. Quand le cercle des frères Dupuy disparaît en 1655, la pensée libertine apparaît dans le cercle de grands seigneurs comme Conti, Condé, Gaston d'Orléans.

• Le quiétisme. Le quiétisme est une doctrine qui interprète le catholicisme dans un sens mystique. Cette doctrine se fonde sur l'enseignement de Sainte Thérèse d'Avila. C'est Madame Guyon, auteur d'ouvrages de dévotion, qui propagea le quiétisme dans un texte qu'elle publia en 1689 - Le Moyen court et très facile de faire oraison, vive louange de l'oraison,
Amie de Madame de Maintenon et de Fénelon, Madame GuVon fit du prosélytisme, et des prélats hostiles à sa doctrine procédèrent à une analyse minutieuse de son oeuvre Madame Guyon fui mise en état d'arrestation et Fénelon, partisan de Madame Guyon, s opposa à Bossuet qui avait été son MaÎtre et son ami

La Querelle des Anciens et des Modernes. C'est la rédaction en français, et non en latin, des inscriptions des tableaux de Lebrun exposés dans la galerie de Versailles qui ouvrit la Querelle. Partisans des auteurs modernes dont ils apprécient le talent et les productions, un certain nombre d'écrivains, dont le conteur Charles Perrault (1628-1703) et le philosophe Fontenelle (16571757), s'opposent à certains de leurs contemporains, comme Boileau ou Racine, convaincus de la supériorité des auteurs de l'Antiquité.

CORNEILLE (Pierre), 1606-1684


Corneille est né en 1606 à Rouen dans une famille de la moyenne bourgeoisie. Il fait ses études au collège des jésuites puis, entre 1622 et 1624, reçoit un formation juridique qui lui permet d'obtenir deux offices d'avocat du roi qu'il conservera jusqu'en 1650. À l'occasion d'une aventure sentimentale, il écrit Mélite ou les fausses lettres, comédie qui sera jouée au théâtre du Marais en 1629, et dont le succès l'incitera à poursuivre dans cette voie. En 1633, il est introduit par Richelieu auprès d'un groupe de cinq dramaturges, mais, de nature indépendante, il s'en détourne et écrit en 1635 sa première tragédie, Médée, qui ne remporte guère de succès. Aussi revient-il à la comédie en écrivant en 1636 L'Illusion comique. La même année, la lecture de Las Mocedades del Cid, comédie espagnol de Guilhem de Castro, lui inspire le sujet du Cid, pièce qui connaît un incroyable succès et engendre une querelle entre partisans et détracteurs de la pièce. À l'issue de celle-ci, Corneille s'écarte du théâtre pendant trois ans. En 1640, il présente Horace, puis en 1642 Cinna, tragédies respectueuses des règles de l'art dramatique dont on lui avait reproché de faire l'économie dans ses œuvres précédentes. Entre 1643 et 1650, Corneille explore de nouvelles voies et renouvelle son théâtre avec des œuvres comme Polyeucte (1643), Le Menteur (1644), Rodogune (1645), ou Don Sanchez d'Aragon (1650). Il est élu à l'Académie française en 1647. En 1651, il remporte un grand succès avec Nicomède, mais l'échec de Pertharite, l'année suivante, lui fait abandonner pour un temps l'écriture dramatique pour se tourner vers la composition d'œuvres de piété, et d'écrits théoriques comme les Discours sur l'art dramatique. En 1658, Fouquet, surintendant des Finances, lui octroie une pension et lui commande une œuvre, Œdipe, qui met fin à sa retraite. De 1659 à 1674, il compose onze nouvelles pièces dont Attila en 1667, et Suréna en 1674. Mais la faveur du public se tourne vers Racine, et, en 1674, Corneille quitte définitivement le théâtre alors que ses dernières œuvres connaissent un regain d'estime. Il meurt à Paris en 1684.

L'abondante production de Corneille (trente-trois pièces en tout) explore plusieurs veines dramatiques.

La comédie tout d'abord, avec des œuvres comme Mélite ou l'Illusion comique. C'est par elle qu'il se fit connaître en renouvelant un genre auparavant inexploité. Il y montre un souci de réalisme qui, associé à la fantaisie baroque de certains passages, donne à ces œuvres un ton jusque là absent de la scène théâtrale.

Ensuite, la tragi-comédie, avec en particulier Le Cid qui marque un tournant dans la carrière de Corneille. En effet, dans Le Cid se dévoile le goût de Corneille pour l'étude des conflits de sentiments humains, thème qui caractérisera toutes les tragédies du XVIIe siècle. Corneille emprunte la trame narrative tragique de l'amour rendu impossible pour des raisons d'honneur, mais en propose un dénouement heureux. Chimène et Rodrigue s'opposent et s'aiment dans un même élan, permettant au récit de multiplier les retournements dramatiques.

Enfin, la tragédie, qui fut le genre de prédilection de Corneille. Le thème du pouvoir ou de la faiblesse de la volonté de l'homme dans sa quête de la gloire est présent dans la plupart d'entre elles. Dans les scènes les plus intenses, le héros cornélien est face à un choix : laisser ses passions devenir maîtresses de sa raison, ou, au contraire, parvenir à s'imposer la conduite correspondant à son rang et à ses devoirs. Chez Corneille, les personnages décident toujours de leur destin. Dès Le Cid, Rodrigue et Chimène souffrent avant de se résoudre à obéir à la raison. Dans les tragédies suivantes, ces dilemmes s'intensifient. Pourtant, tous les personnages ne sont pas en proie à ces souffrances : Horace ou Don Diègue sont, par exemple, animés d'une froideur aveugle à tout sentiment. Enfin, d'autres, comme Prusias dans Nicomède, s'abandonnent à leurs sentiments les plus vils.

Corneille oppose ainsi aux valeurs nobles que sont la gloire, le devoir et le mérite, les travers que sont l'ambition et la haine. La portée morale de cette opposition thématique est donc l'un des aspects d'une œuvre qui cherche autant à plaire qu'à instruire. Par ailleurs, le recours à de grands événements historiques permet à Corneille de traiter des problèmes politiques de son temps de façon détournée. Le tragique cornélien aborde ainsi en filigrane les droits et les devoirs du roi et de ses sujets. Ses dernières tragédies auront une portée de plus en plus en plus pessimiste : les personnages qui luttent pour le pouvoir absolu ne peuvent susciter aucune admiration, et ce sont pourtant eux qui triomphent.


Œuvres principales :


• Mélite ou les Fausses Lettres (1629).
• La Place Royale (1634).
• L'Illusion comique (1636)
• Le Cid (1636).
• Horace (1640).
• Cinna (1642).
• Polyeucte (1643).
• Le Menteur (1644).
• Rodogune (1645).
• Don Sanchez d'Aragon (1650).
• Nicomède (1651).
• Attila (1667).
• Suréna (1674)


MOLIÈRE (Jean-Baptiste Poquelin dit), 1622-1673

Né en 1622 à Paris, dans une famille bourgeoise, Jean-Baptiste Poquelin fait ses études au collège de Clermont (aujourd'hui lycée Louis-le-Grand). En 1642, il obtient une licence de droit à Orléans, mais sa vocation de comédien lui fait abandonner son milieu social pour fonder en 1643, avec la famille Béjart, l'Illustre théâtre. La troupe ne tarde pas à faire faillite face à la concurrence du théâtre de l'Hôtel de Bourgogne et du théâtre du Marais. De 1646 à 1658, Molière part faire des tournées en province. Il écrit ses premières farces en s'inspirant des principes de la commedia dell'arte italienne. À partir de 1650, la troupe de Molière est protégée par le prince de Conti. Molière compose ses deux premières comédies en cinq actes et en vers : L'Étourdi (1654) et Le Dépit amoureux (1656). En 1658, il retourne à Paris où il joue devant le roi Nicomède de Corneille, suivi de l'une de ses farces, Le Docteur amoureux. Celle-ci connaît un vif succès, et Molière obtient la salle du Petit-Bourbon. L'année suivante, il présente Les Précieuses ridicules dont le très bon accueil lui vaut ses premiers ennemis. En 1661, la "troupe de Monsieur" s'installe au Palais-Royal. Après l'échec de sa comédie héroïque, Dom Garcie de Navarre, Molière présente L'École des maris qui lui permet de regagner l'estime du public. La même année, il répond à une commande de Fouquet en composant Les Fâcheux. Mais c'est en 1662 qu'il obtient son plus grand triomphe avec L'École des femmes. Le roi lui accorde alors une pension. Les attaques contre lui s'intensifient et il y répond en 1663 par L'Impromptu de Versailles. En 1664, Le Tartuffe, ainsi que Dom Juan, font l'objet d'une "cabale" des dévots de la Compagnie du Saint-Sacrement. Malgré le soutien de Louis XIV, il doit sans cesse lutter pour que ses pièces puissent être jouées. En 1666, il présente Le Misanthrope qui n'obtient pas les faveurs du grand public. Entre 1666 et 1668, Molière compose plusieurs fantaisies poétiques comme Amphitryon ou George Dandin. Nommé intendant des spectacles royaux, Molière compose sur commande plusieurs comédies-ballets dont Le Bourgeois gentilhomme et Psyché, qu'il écrit en collaboration avec Corneille, sur une musique de Lulli. En 1671, il renoue avec la farce en composant Les Fourberies de Scapin, et compose, l'année suivante, Les Femmes savantes qui reçoit un accueil chaleureux. Mais la santé de Molière, déjà mise à l'épreuve depuis plusieurs années, se dégrade, et il meurt en 1673 lors de la quatrième représentation du Malade imaginaire.

L'œuvre de Molière témoigne d'une grande continuité. Une pièce tardive comme Les Fourberies de Scapin, par exemple, adapte les registres de la farce française et de la commedia dell'arte qui caractérisaient ses premières œuvres. Toujours soucieux des goûts du public, Molière cherche l'efficacité avant tout. Il utilise donc tour à tour différents registres dramatiques : il peut tout aussi bien faire rire, que rentrer dans des polémiques pour défendre son style, ou encore peindre les mœurs de son temps.

Mais son œuvre s'attache surtout au genre de la comédie et lui apporte ses lettres de noblesse. Ses comédies sont riches d'une vérité qui jusqu'alors faisait défaut à ce genre théâtral. Elles témoignent d'un sens de l'observation que Molière a pu aiguiser aussi bien au contact de bourgeois ou des "petits marquis" de province, qu'à la Cour de Louis XIV. Cette réutilisation de tout ce que la vie peut lui apporter se retrouve également sur le plan proprement littéraire : Molière puise partout, aussi bien chez les Latins que chez d'autres auteurs, comme Rotrou, Scarron, ou Cyrano de Bergerac. Cela lui a parfois valu le reproche de plagiat. Par ailleurs, il privilégie les trames narratives simples, et ne se soucie guère du dénouement. Le déroulement de l'intrigue de ses comédies recourt à des procédés comiques qui peuvent porter aussi bien sur les actions de ses personnages, que sur leur manière de s'exprimer, ou encore sur des situations burlesques. Même des pièces plus graves comme Dom Juan, ou Le Misanthrope, contiennent des passages drôles utilisant de tels procédés.

Les personnages de Molière sont des êtres à mi-chemin entre le personnage-type du théâtre comique et la peinture de caractère. Harpagon correspond au type de l'avare, et Tartuffe à celui du faux-dévot. Toutefois, la démesure d'Alceste, et l'égoïsme de Dom Juan, sont quant à eux associés à un art de la nuance qui leur confère une réelle densité psychologique. Ainsi, les personnages se rapprochent plus ou moins de la vie réelle en fonction de la portée générale que Molière veut donner à ses pièces.

L'idée que la nature est à la fois bonne et raisonnable traverse toute l'œuvre de Molière. C'est là une morale du bon sens et du juste milieu qui va de paire avec une condamnation des artifices. Molière reprend à son compte la devise latine, mais tardive de la comédie : "Elle corrige les mœurs par le rire" (castigat ridendo mores). Il conçoit ainsi la comédie comme un art capable de lutter contre les travers de l'homme. Mais le portrait de personnages en proie à une obsession, et qui, à cause d'elle, perdent toute lucidité, ne conduit pas pour autant à une morale édifiante. Au contraire, cette portée morale témoigne d'une volonté farouche de défendre l'esprit libre de la jeunesse contre l'ordre autoritaire et sclérosant de leurs aînés.


Œuvres principales

• Le Médecin volant (1645-1650).
• La Jalousie du Barbouillé (1645-1650).
• L'Étourdi (1654).
• Le Dépit amoureux (1656).
• Les Précieuses ridicules (1659).
• L'École des maris (1661).
• Les Fâcheux (1661).
• L'École des femmes (1662).
• L'Impromptu de Versailles (1663).
• Le Tartuffe ou l'Imposteur (1664-1669).
• Dom Juan ou le Festin de Pierre (1664).
• Le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux (1666).
• Le Médecin malgré lui (1666).
• L'Avare (1668).
• Le Bourgeois gentilhomme (1670).
• Les Fourberies de Scapin (1671).
• Les Femmes savantes (1672).
• Le Malade imaginaire (1673).


PASCAL (Blaise), 1623-1662


Pascal fut à la fois savant, philosophe et écrivain. À l'âge de 19 ans, il inventa une machine arithmétique avant d'entreprendre des études sur le vide et la pesanteur de l'air, sur le calcul des probabilités, sur le calcul infinitésimal, et sur l'analyse combinatoire. Après avoir été tenté par la vie "mondaine", c'est-à-dire ancrée dans le monde quotidien, il se tourne vers la religion à la suite de l'expérience mystique de la nuit du 23 novembre 1654. Il prend le parti des jansénistes dans la querelle qui les oppose aux jésuites à propos de la condamnation d'Antoine Arnauld par la Sorbonne. Ce dernier est accusé d'hérésie pour avoir nié la présence (question de fait) des cinq propositions condamnés par le pape et extraites de l'Augustinus de Jansénius. Il avait cependant reconnu le caractère condamnable (question de droit) de ces propositions. Pascal publie, entre janvier 1656 et mars 1657, les dix-huit Lettres provinciales sous le pseudonyme de Louis Montalte. À partir de 1656, il entreprend le grand projet d'une "Apologie de la religion chrétienne", mais meurt le 19 août 1662 en laissant cet ouvrage inachevé. Une publication posthume de ces fragments est établie en 1670.

Outre son activité scientifique (Traité des sons en 1634-1635, Essai sur les coniques en 1640, Traité du vide en 1651), Pascal est l'auteur de textes parfois polémiques où se mêlent son "esprit de géométrie" et son "esprit de finesse". Les lettres dites Provinciales témoignent de sa maîtrise parfaite de l'art de la polémique. Sa verve s'illustre ici dans la controverse religieuse opposant jansénistes et jésuites, notamment sur le problème de la casuistique, partie de la morale chrétienne portant sur les cas de conscience, c'est-à-dire sur la question de savoir si la rémission des péchés est, ou non, indépendante des remords. Mais, par-delà cette polémique sur des questions théologiques précises, Pascal reprend à son compte l'enjeu du jansénisme qu'est l'articulation entre trois notions fondamentales : la prédestination, le libre arbitre, et la grâce. Déchu de son libre arbitre depuis le péché originel, l'homme ne peut espérer le salut que par la grâce arbitraire de Dieu (prédestination gratuite). C'est en abordant ces questions soit de façon directe, soit détournée, que Pascal s'oppose aux jésuites pour qui les fidèles sont en mesure de gagner la grâce divine en témoignant d'une ferveur religieuse suffisante. Mais Pascal ne répond pas par un traitement théologique. Ses attaques contre les jésuites, qu'il déclare hérétiques, procèdent d'une manière tour à tour philosophique, ironique, et rhétorique. Certaines formules sont frappantes, et il ne craint pas de tronquer parfois des citations afin de renforcer son argumentation.

Après sa mort, la famille de Pascal a conservé tous les textes portant sur la religion. En 1710-1711, l'abbé Louis Perier a rassemblé l'ensemble composite de ce projet d'une "Apologie" et établi le Recueil original des Pensées, recueil de 958 fragments aux longueurs très inégales. Le désordre de ces feuillets a donné lieu à plusieurs éditions où les fragments sont agencés de manières différentes (éditions Brunshvig, Chevalier, Michaut, Lafuma). Toutefois, nous admettons que les Pensées sont composées de deux parties qui se succèdent selon une logique argumentative simple : "Misère de l'homme sans Dieu", et "Félicité de l'homme avec Dieu".

Cette œuvre s'adresse à un libertin, c'est-à-dire à un impie. Elle se caractérise par un style qui n'est plus polémiste, comme dans les Provinciales, mais apologiste, voire mystique lorsque Pascal succombe à l'élan de sa foi. Elle a pour objet de susciter une inquiétude chez l'homme en évoquant toutes les questions auxquelles il est, par nature, incapable de répondre. Car son imagination, sa vanité, ses opinions ou ses coutumes l'égarent et le font se détourner de sa condition. Plutôt que de s'en détacher et revenir au problème de son existence, il se "divertit" afin d'oublier sa misère. Cette situation tragique ne nous laisse plus d'autre choix que de parier sur l'existence de Dieu. Nous sommes obligés de parier puisque nous sommes "embarqués". Mais ce n'est la qu'un premier pas. La raison doit nous conduire jusqu'à la religion elle-même, jusqu'à l'orthodoxie catholique, puis céder la place à la foi, à l'adhésion du cœur, qui "a ses raisons que la raison ne connaît pas".

Œuvres principales :


• Entretien avec Monsieur de Saci sur Épictète et sur Montaigne (1655).
• Les Provinciales (1656-1657).
• Pensées (édition posthume, 1670).

RACINE (Jean), 1639-1699

Orphelin dès son plus jeune âge, Racine fait ses études aux "Petites Écoles" de Port-Royal, où il subit profondément l'influence des idées jansénistes. En 1661, il tente en vain d'épouser une carrière ecclésiastique. Il s'installe deux ans plus tard à Paris, où il rencontre La Fontaine. En 1664, il fait représenter La Thébaïde par la troupe de Molière, et confie l'année suivante, Alexandre aux comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. En 1666, il rompt avec Port-Royal qui voit d'un mauvais œil les débuts de sa carrière littéraire. Commence alors une période de dix ans où il compose de nombreux chefs-d'œuvre comme Andromaque en 1667, qui fut un triomphe, Les Plaideurs en 1668, sa seule comédie, puis Britannicus en 1669, Bérénice en 1670, et Bajazet en 1672. En 1673, il est reçu à l'Académie française et anobli. Il compose, la même année, Mithridate. En 1674, il noue une solide amitié avec Boileau et compose Iphigénie. Il épouse Catherine Romanet en 1677 et compose Phèdre. Cette dernière pièce fit l'objet d'une cabale, mais qui ne parvint pas à porter ombrage à la gloire de son auteur. Malgré son succès aussi bien à la Cour qu'auprès du public, Racine prend ses distances avec le théâtre pour se consacrer à la charge d'historiographe du roi. Réconcilié avec ses maîtres de Port-Royal, il mène une vie pieuse. À la demande de Mme de Maintenon, il compose deux pièces à thème biblique : Esther en 1689, et Athalie en 1691. En 1698, il publie l'Abrégé de l'histoire de
Port -Royal et meurt l'année suivante.

La tragédie racinienne s'inspire du modèle grec. La fatalité y joue un rôle prépondérant, et enferme le héros dans une situation inextricable qui, dès le premier acte, annonce un dénouement tragique. L'univers cruel dans lequel les personnages évoluent est marqué par la fatalité et le pessimisme. Les tragédies portent généralement le nom de la principale victime. Le personnage racinien n'est donc pas héroïque comme dans les tragédies de Corneille. Même s'il est roi, il est faible : il hésite longuement quant à ce qu'il doit faire et nous laisse l'image d'une créature subissant l'ordre d'une fatalité émanant soit d'une puissance humaine ou surnaturelle, soit de l'empire d'une passion. Le théâtre racinien met en scène la force dévastatrice de la passion : elle gouverne l'action et détermine les événements jusqu'à s'imposer comme la raison suprême du drame qui se déroule sous nos yeux.

Concentrée sur les sentiments, l'action des tragédies de Racine est inséparable de la puissance évocatrice du langage. La forme poétique élaborée et la préciosité de la langue sont autant d'éléments qui imposent une distance entre ces œuvres et nous. Pourtant, les périphrases, les allusions, les métaphores, ou les euphémismes sont le véritable théâtre où se noue et se dénoue l'intrigue. Car toute la force de l'action des tragédies raciniennes réside dans l'expression des sentiments.

Comme en témoigne le ton général de ses œuvres, il y a une incontestable influence du jansénisme chez Racine. À cela s'ajoute le respect de la règle des trois unités : l'action est simple, se déroule dans un lieu unique, et s'étale sur moins de vingt-quatre heures. De même, Racine respecte la règle de bienséance du théâtre classique en ne présentant jamais sur scène les crimes et les horreurs, qui se déroulent dans les coulisses, à l'abri du regard des spectateurs. La fidélité à ces règles d'écriture contribue à créer la sobriété d'une œuvre qui est au plus près des goûts esthétiques de son époque. Racine l'indique dans la préface de Bérénice : "La principale règle est de plaire et de toucher".

Pour atteindre cet objectif, il épouse les règles d'expression et les codes littéraires en vigueur dans la société mondaine du XVIIe siècle. Ainsi, le choix des sujets, empruntés à l'Antiquité gréco-latine, à l'Histoire, ou à la Bible, participe de cette grandeur et de cette gravité chères au classicisme.


Œuvres principales :


• Andromaque (1667).
• Les Plaideurs (1668).
• Britannicus (1669).
• Bérénice (1670).
• Bajazet (1672).
• Mithridate (1673).
• Iphigénie (1674).
• Phèdre (1677).
• Esther (1689).
• Athalie (1691).


LA FONTAINE (Jean de), 1621-1695

Jean de La Fontaine naît en 1621 à Château-Thierry. Sa famille y possède la charge de Maître des Eaux et Forêts, qu'il occupera à partir de 1652. Après des études classiques, il obtient le titre d'avocat au Parlement. En 1647, il épouse une parente éloignée de Racine, Marie Héricart. Le mariage échoue : la jeune femme est une Précieuse, La Fontaine un mari volage. En 1658, La Fontaine s'établit seul à Paris. Il y fréquente le cercle des Chevaliers de la Table Ronde, où il rencontre Furetière et Tallemant des Réaux. Admirateur de Malherbe et de Voiture, il complète sa formation par de multiples lectures. Rabelais, Marot, Boccace, mais aussi Homère, Platon, Horace, Virgile et Ovide lui fournissent des modèles dont l'influence se retrouve dans ses écrits ultérieurs.

En 1657, il est présenté au ministre des Finances de Louis XIV, Fouquet,
et en obtient une pension. La Fontaine côtoie notamment Mlle de Scudéry, Scarron, Perrault, Corneille et Molière, qui bénéficient du mécénat
du ministre. Il exprime sa reconnaissance dans des pièces comme
Le Songe de Vaux (1658), qui exalte la splendeur (entrevue en rêve)
du château de Fouquet à Vaux-le-Vicomte. Jaloux du prestige et des
richesses accumulés par son ministre, Louis XIV le fait arrêter en 1661.
Le cercle des admirateurs se disperse, mais La Fontaine manifeste à son ancien protecteur une fidélité qu'il exprime dans des textes (Elégie aux nymphes de Vaux, 1661) où il sollicite la clémence royale. Célèbre mais sans fortune, il cherche de nouveaux protecteurs aristocratiques.

Introduit dans les salons parisiens, chez la duchesse d'Orléans au Palais du Luxembourg, chez Mme de La Fayette, Mme de Sévigné, Mme de la Sablière,
il obtient aussi la protection de Marie-Anne Mancini (nièce de Mazarin).
Ses textes rencontrent une large audience, avec la publication des premiers recueils de Contes et Nouvelles en vers, inspirés de Boccace et de l'Arioste (1665-1666). En 1668, il publie le premier recueil des Fables.
Auteur reconnu, La Fontaine pratique aussi bien des genres légers qu'une littérature à vocation moralisatrice (Recueil de Poésies chrétiennes, 1671).

En 1672, à la mort de la duchesse d'Orléans, il trouve une nouvelle protectrice en la personne de Mme de la Sablière. Férue de science et de culture, elle permet à La Fontaine de pratiquer ses dons de "papillon du Parnasse" aux inspirations multiples. La Fontaine s'essaie à l'opéra avant de se brouiller avec Lulli. Il publie d'autres Contes (1675). Ses poésies de circonstance (Ode à la Paix, 1674), ses poésies didactiques (Le Quinquina, 1682), mais aussi et surtout le Second recueil des Fables (1678-1679) illustrent son talent de touche-à-tout. Ses succès lui ouvrent les portes de l'Académie Française en 1684. Il prend le parti des Anciens dans la Querelle des Anciens et des Modernes. Sentant l'âge venir, La Fontaine renonce solennellement à sa vie mondaine et se convertit au christianisme sous l'influence retrouvée de Mme de la Sablière (1692). Il passe les dernières années de sa vie chez M. et Mme d'Hervart à Bois-le-Vicomte, où il compose le Livre XII des Fables, et meurt le 13 avril 1695.

La Fontaine laisse une œuvre aux multiples facettes, dont la physionomie s'explique par les conditions de sa rédaction. Il laisse des textes de circonstances, et exerce son talent dans des genres (comme la poésie didactique et descriptive) dont la postérité n'a pas toujours retenu les manifestations. Il demeure donc à nos yeux l'homme d'une grande œuvre, ses Fables imitées des auteurs antiques (Esope et Phèdre). A la différence de ces derniers qui plaçaient la narration au service exclusif de la moralité,La Fontaine l'enrichit de dimensions nouvelles. Un sens aigu de la dramatisation, une grande finesse psychologique, une large faculté d'observation mise au service de valeurs humanistes (derrière les masques animaliers, le fabuliste n'hésite pas à aborder des questions sociales et à dresser le portrait satirique des injustices du temps) permettent au poète de renouveler durablement le genre. Destinées dès l'origine à l'édification de la jeunesse, les Fables connaissent depuis trois siècles auprès de toutes les classes d'âge un succès qui ne s'est jamais démenti.

Œuvres principales :


* Le Songe de Vaux (1658)
* Elégie aux nymphes de Vaux (1662)
* Contes et Nouvelles en vers : Premier recueil en 1665, Deuxième recueil en 1666, Troisième recueil en 1671. Nouveaux Contes (1675).
* Epître à Huet (1687), contenant les prises de positions de La Fontaine dans la querelle des Anciens et des Modernes.
* Fables : Premier recueil (Livres I à VI) en 1668, Deuxième recueil (Livres VII à XI) en 1678, Troisième recueil (Livre XII) en 1694.


Un "Grand siècle"


Mouvements( en résumé )

Le baroque


C’est période historique située entre la Renaissance et le classicisme, période placée sous le signe de l'irrégularité, du spectaculaire, de la métamorphose, de l'éphémère, de l'illusion et de l'identité vacillante. Le baroque est né en réaction contre l'austérité protestante. Il est attaché à une conception d'un monde instable, d'un monde en transformation incessante. Ce courant est avide de liberté et ouvert à la complexité de la vie. c’est un style architectural qui s’est développé du XVI au XVIIème siècle , caractérisé par la liberté des forme et la profusion ornements qui est à l’opposé du classicisme . Le Baroque accompagne ainsi le développement d'une spiritualité nouvelle en France qui se définit à partir du Concile de 30 (1545-1563) en réaction au protestantisme qui prône un art plus sobre, plus sévère et se caractérise par une exubérance au service de la foi catholique. ". Le mouvement baroque cherche à surprendre. Il souligne la liberté de l'imagination, le mouvement et la profusion ornementale caractérisent ce style. L'illusion d'optique, rend incertaines les limites entre la peinture, la sculpture et l'architecture. La réalité humaine, la grandiosité et le clair-obscur sont devenus importants.

Le Classicisme

Le classicisme est un mouvement à la fois typiquement français et très court. Le but premier de ce mouvement est de concevoir une harmonie dans les approches esthétiques. Le style classiciste a une conception de l'"honnête homme", qui brille par son esprit et domine ses passions. Les peintures sur l'histoire pendent leur inspiration dans l'Antiquité, la Bible, la mythologie, la poésie et la littérature de l'époque.

La préciosité

Vers la seconde moitié du XVIIème siècle, un nouveau mode de vie, une nouvelle philosophie va naître, c'est la préciosité. Les femmes, s'opposant aux manières rustres du XVIe siècle, et plus particulièrement de la cour d'Henri IV. Les préciosités sont femmes qui adoptèrent une attitude nouvelle et rafinée envers les sentiments et un langage recherché , du style ce n’est pas simple

Continuation et révision de la Rennaissance

Le XVIIe siècle a absorbé la Renaissance avec toutes les valeurs qu'elle avait accumulées, mais il les a aussi révisées et en a fait un choix. L'humaniste du XVIe siècle est remplacé par l'honnête homme. Danser, converser, savoir briller en société, plaire, séduire, être spirituel, courtois, brave, naturel, simple, avoir une capacité d'adaptation, posséder une élégance extérieure et en même temps une vraie noblesse de cœur sont les qualités de l'honnête homme qui plaisent au monde.

La sagesse antique redécouverte par les hommes de la Renaissance continue à exercer son influence au XVIIe siècle mais les esprits éclairés imitent l'Antiquité en appliquant la methode rationnelle et l'esprit critique.

À la recherche de la vérité

La littérature est inséparable des courants d'idées de l'époque. Leur importance est très grande sur le développement et l'extension de la pensée en France et sur les courants littéraires.

La philosophie de René Descartes (1596-1650), le cartésianisme, devient celle de la monarchie absolue. Elle est à la base de la littérature classique par son souci d'ordre et de discipline. En érigeant le doute comme principe de son système métaphysique, Descartes arrive à sa célèbre formule «Cogito, ergo sum» (Je pense, donc je suis). De cette façon il affirme la raison comme critère de la connaissance et non pas les sentiments ni l'imagination.
Les Jésuites, de leur côté, contribuent à la formation de la pensée du siècle et à l'élaboration du style classique. Leur philosophie est celle du stoïcisme. Les écoles jésuites apportent deux éléments essentiels dans la formation du classicisme : le goût pour les Anciens comme modèle de beauté et de sagesse (un goût fondé sur l'éducation humaniste) et la psychologie, comme deuxième élément (connaître l'homme, discuter sur lui, mesurer la puissance de ses passions et de sa volonté).

Le jansénisme exerce une influence plutôt indirecte. Selon les Jansénistes, Dieu est une perfection infinie, entièrement maître du destin des hommes, omniprésent et l'homme est d'une impuissance totale, un néant, ce qui les oppose aux Jésuites qui laissent à l'homme une certaine liberté d'action.

Par l'importance idéologique de son œuvre et sa valeur esthétique Blaise Pascal (1623-1662), janséniste, exerce également une influence énorme sur son temps. Aujourd'hui encore, il continue de susciter des discussions et des interprétations très variées. Son apport pour la littérature classique c'est d'y avoir introduit le lyrisme. Quant à son plus grand mérite envers le classicisme et la littérature en général, on le retrouve dans le domaine de l'éloquence. Il a découvert que le premier principe de l'art de bien écrire est l'art de bien penser. Il recommande aux écrivains de «se refermer dans le naturel», une phase qu'on retrouve à plusieurs reprises dans ses "Pensées" et qui représente un mot clef pour l'art classique.

A la différence de Descartes qui luttait contre la scolastique avec les armes de la raison, Pierre Gassendi (1592-1655), matérialiste sensualiste, a choisi d'autres armes - l'expérience. Son esthétique est celle du libertinage, un mouvement de contestation des idées traditionnelles. Les libertins remettent en cause la religion, considèrent que pour comprendre l'univers l'homme doit saisir ses lois exclusivement grâce à sa raison, contestent souvent le pouvoir royal. Ce courant idéologique qui avait adopté les idées de Montaigne et surtout de Charron occupera tout le XVIIe siècle et assurera le lien avec le XVIIIe siècle.
A la recherche de la vérité du monde, croyant ou non en Dieu, la raison devient la source de toute connaissance, une arme efficace pour saisir la réalité.

Écrivains et public


Le plus grand nombre d'écrivains sont issus de la bourgeoisie instruite, fait explicable parce que c'est la classe cultivée par excellence. La laïcisation est pratiquement achevée au XVIIe siècle. Par contre, les nobles, plutôt à l'écart jusque là, font irruption dans le monde littéraire. Le peuple analphabète est en fait exclu de la création ainsi que de la lecture. Le livre est encore un objet de luxe et le nombre de lecture est réduit. A côté du petit monde des «Doctes», érudits descendants des humanistes, se forme un milieu mondain qui devient par son nombre le destinataire principal de la production littéraire. Mais le développement des moyens de diffusion de la culture attire progressivement la petite bourgeoisie des villes à la lecture. Les lecteurs désargentés vont consulter les livres dans les cabinets de lecture, ancêtres des bibliothèques. Parallèlement, les colporteurs (marchands ambulants) diffusent à travers les campagnes la littérature pour le grand nombre, des almanachs et des collections populaires.

Codification du langage

En relation avec les salons et les cercles littéraires, commence très tôt un mouvement de codification du langage. Le XVIe siècle s'était occupé d'enrichir la langue française pour la rendre rivale des autres langues anciennes. Les auteurs accueillaient volontiers toute invention. Le XVIIe siècle se charge de la rendre plus précieuse, de l'épurer. Il est plus exigeant et fait la différence entre l'exercice de la pensée et la pratique littéraire ainsi que l'écriture à des fins non esthétiques. L'Académie française se propose de codifier le vocabulaire, la syntaxe, la poétique. La Grammaire de Port-Royal, élaborée par les Solitaires de Port-Royal-des-Champs, fixe pour la première fois les règles grammaticales et sert de base, jusqu'à nos jours, à la grammaire française.

Bien que la culture subisse les conséquences du centralisme politique, à la fin de la période commence à se sentir la contestation de l'imitation des Anciens et en même temps apparaissent une volonté de modernité et un désir qui tient davantage compte de l'évolution historique.

Vers le XVIIIe siècle

À la fin du siècle la littérature perd de son éclat. La querelle des Anciens et des Modernes s'engage. Ce sont des discussions à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle qui portent sur la notion du progrès dans le domaine artistique. Les Anciens dont La Fontaine, Nicolas Boileau, La Bruyère, prétendent que tout est découvert, tout est inventé, donc il n'y a pas de progrès dans l'art. Les Modernes de leur côté et surtout Charles Perrault (1628-1703), l'auteur des «Contes de la mère l'oie» (1697), affirment qu'il reste beaucoup à trouver et à améliorer.
Discuté, contesté, mis en cause, avec tout cela le XVIIe siècle occupe une place très importante dans la littérature française et s'impose durablement aux écrivains des générations futures. Le XVIIIe siècle s'inspirera aussi de cet héritage et ajoutera son propre apport.

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