Le XVIIe siècle

Friday, December 05, 2008










Jean de La Bruyère
( 1621 - 1695 )

Jean de La Bruyère, né à Paris le 16 août 1645 et mort à Versailles le 10 mai 1696, est un moraliste français.

La Bruyère est célèbre pour une œuvre unique, Les Caractères ou Les mœurs de ce siècle (1688). Cet ouvrage, constitué d’un ensemble de brèves pièces littéraires, compose une chronique essentielle de l’esprit du XVIIe siècle.

La Bruyère fut l’un des premiers écrivains à mettre en avant le « style » littéraire, en développant un phrasé rythmé dans lequel les effets de rupture sont prépondérants. Ce style incite à la lecture à haute voix, donnant ainsi à cette activité le statut de jugement moral de par l’effet rhétorique obtenu par la lecture orale sur les auditeurs - La Bruyère consacre au demeurant toute une section des Caractères aux effets pervers de l’éloquence. Nombre d’écrivains ont suivi le chemin stylistique tracé par La Bruyère : depuis Marivaux jusqu'à Balzac et Proust, en passant par André Gide.

Jean de La Bruyère, né à Paris le 16 août 1645 dans une famille bourgeoise, est le fils aîné de Louis de La Bruyère, contrôleur général des ventes de la ville, et d'Elisabeth Hamonyn. Il est vraisemblablement élevé à l'Oratoire de Paris. À vingt ans, il obtient sa licence de droit à l'université d'Orléans et s’inscrit au barreau, mais plaide peu. En 1673, il achète une charge de trésorier de France à la généralité de Caen, grâce à l’héritage d’un oncle qui revendra en 1686. L’année suivante, La Bruyère devient conseiller du roi, ce qui lui confère la noblesse et des revenus substantiels.

Bossuet, prédicateur en vogue, est chargé de l’éducation du dauphin. Il obtient pour La Bruyère une place de précepteur. Il partage le soin d’achever l’éducation du jeune duc, Louis de Bourbon, petit-fils du grand Condé. Il lui enseigne, l’histoire, la géographie et les institutions de France. Son élève s’avère ignare et insupportable par cet orgueil aristocratique. Il n’occupe ces fonctions que dix mois, jusqu’au mariage du duc. La Bruyère demeure comme bibliothécaire dans la maison de Condé, avec le titre de gentilhomme etmille écus de pension. Plus studieux qu’ambitieux, ses contemporains désignent La Bruyère comme un homme de cabine, amateur de conversations érudites et philosophiques. Dès 1670, il commence à noter ses pensées.

Ces fonctions laissent à La Bruyère le loisir de travailler selon ses goûts, et elles lui permettent d'observer à son aise ces grands et ces courtisans dont il doit faire de si mordants portraits dans le siècle de Louis XIV à son déclin.

La première édition des Caractères parait en mars 1688, sous le titre : Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les caractères ou les mœurs de ce siècle. Le nom de l'auteur ne figura sur aucune édition publiée de son vivant.

La Bruyère se présente à l'Académie en 1691, sans succès. Il se représente deux ans plus tard, et cette fois il est élu, le 14 mai 1693, en remplacement de l'abbé de La Chambre.

Les dernières années de la vie de La Bruyère sont consacrées à lapréparation d'un nouvel ouvrage dont il avait pris l'idée dans ses fréquents entretiens avec Bossuet : Dialogues sur le Quiétisme, qu'il laisse inachevés. Ils ont été publiés après sa mort, en 1699, par l'abbé du Pin, qui compléta, par deux dialogues de sa façon, les sept dialogues trouvés dans les papiers de La Bruyère.

La Bruyère meurt, célibataire et pauvre, à Versailles, dans la nuit du 10 au 11 mai 1696, d'une attaque d'apoplexie.

( Azadunifr )

La vie de Jean de La Bruyère:

Ses parents, qui avaient huit enfants, étaient de petits-bourgeois parisiens vivant chichement d'un office de contrôle des rentes. Reçu avocat au Parlement de Paris, il n'exerça pas le métier paternel, mais acheta, grâce à un héritage, un office de trésorier des finances; il put ainsi mener une vie calme et solitaire et observer les hommes de son temps.

À quarante ans, il entre dans la maison de Condé comme précepteur de M. le Duc (le duc de Bourbon). Les Condé ne sont pas gens d'humeur facile et régulière, et deux années de préceptorat ne lui apportent guère de satisfaction. Pourtant, après la mort du « Grand Condé », le plus estimable et celui qui l'aimait le mieux, il reste au château de Chantilly, afin sans doute de continuer à étudier la cour et la ville.

Après quelques hésitations, il livre au public en 1688, sans nom d'auteur, les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

Le succès est immédiat et retentissant: trois éditions sont épuisées en un an. Peu à peu, on veut chercher les originaux des portraits; des « clefs », circulent et La Bruyère, tout en protestant contre ces procédés, multiplie les portraits dans les éditions successives (1689-1690-1691-1692-1694), triplant ainsi l'épaisseur de son ouvrage.

Il se présente en 1691 à l'Académie française, où il a l'appui de Bossuet, de Boileau et de Racine, mais il est en butte à l'hostilité des partisans de Corneille, des « modernes » comme Perrault et Charpentier; il n'est admis qu'en 1693 et la séance de réception est l'occasion de pointes et de sarcasmes contre lui. Une véritable campagne s'organise dont il se défend clans la préface de son édition de 1694, en précisant les intentions morales et religieuses des Caractères. Il travaillait à une nouvelle édition de son œuvre, quand il mourut en 1696.

les Caractères:

Les Caractères sont une véritable critique de la société du XVIIe siècle, sous forme de maximes, de réflexions et de portraits. Révolté par la dégradation des mœurs de son époque, en particulier dans les hautes sphères du pouvoir, La Bruyère, avec son style elliptique et nerveux, dresse un des portraits les plus acerbes des hommes de son temps. Tout y passe, hypocrisie, superstition, adulation, emportement, indécence, flatterie, avarice, orgueil, grossièreté.

Son humeur aigrie fut admirablement servie par un style incisif, âpre, hardi jusqu'à la brutalité. Sa phrase, courte, brusque, saccadée, est déjà celle du XVIIIe siècle. Le réalisme de l'expression, la crudité de certains traits, la tendance à peindre l'extérieur, les gestes des personnages, sont presque du XIXe. Tous ses portraits sont pris sur le vif. On reconnaîtra Fontenelle dans Cydias, et dans Æmile, le grand Condé.

Aucune observation n’est perdue. Il critique les abus, mais respecte les institutions Témoin parfois amusé, souvent amer de la « comédie humaine », il donne au portrait un tour vif, piquant et original. Le moraliste reste un modèle d’efficacité et de finesse, restant sensible à la saveur des mots, le langage populaire côtoie le langage précieux.

L'écriture fragmentaire du moraliste reflète toute la diversité, les contradictions et l'inconstance même de son sujet : l'homme. Les paroles sur la misère du peuple sont émouvantes même si La Bruyère n’a rien d’un penseur ni l’ampleur d’un Montaigne ou d’un Pascal. Le livre est document, sur l’importance de la rhétorique dans la création littéraire de l’époque. Sa langue est l’une des plus riche de notre littérature.

L'ouvrage fut sans doute entrepris bien des années avant sa publication. Il est constitué de ce que La Bruyère appelle des « remarques », qui ne sont, selon lui, ni des maximes à la manière de La Rochefoucauld, ni des pensées à la manière de Pascal. Il refuse aussi tout aspect méthodique: le désordre est un principe constitutif de chaque chapitre. Les remarques, sans doute composées ensemble, se sont augmentées d'édition en édition, étoffant peu à peu le corps de l'ouvrage. À la brève sentence , La Bruyère adjoint progressivement de nombreux « portraits »; ils ont sans doute été pour beaucoup dans le succès du livre, où le public cherchait des « clefs » pour reconnaître tel ou tel grand personnage.

La Bruyère insiste pourtant sur l'aspect moral de son livre: il prétend moins attaquer ses contemporains que viser à une certaine vérité générale sur l'homme. Néanmoins, la justesse de son observation et les nombreuses allusions à des contemporains font de son ouvrage un indispensable témoin de la société française à la fin du XVIIe siècle.

Le livre se compose de seize chapitres, regroupant des fragments de toutes sortes. Après avoir étudié les « ouvrages de l'esprit » (I), le « mérite personnel » (II), les « femmes » (III), le « cœur » (IV) et la « société et la conversation » (V), La Bruyère en vient aux « biens de fortune » (VI), qui correspondent trop rarement aux vraies du mérite personnel.
( Azadunifr )

Œuvres principales

Les Caractères (1688)
Discours de réception à l'Académie française (1694)
Dialogues sur le quiétisme (1698

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