Le XVIIe siècle

Friday, November 28, 2008

PRÉSENTATION


burlesque (de l'italien, burla, « moquerie », « plaisanterie »), forme de comique caractérisée par une exagération du ridicule.

ORIGINE ET DESCRIPTION

Comme la satire, le burlesque apparaît sous deux formes : l'épique railleur, qui consiste à traiter un sujet trivial avec grandiloquence (comme dans les Contes de Cantorbéry de Chaucer) et le travestissement, où un sujet sérieux est traité sur un ton frivole (comme dans Don Quichotte). On confond souvent le burlesque et deux autres formes de satire, la parodie et la farce. La parodie est une imitation moqueuse d'une œuvre ou d'un auteur particulier ; la farce est une pièce écrite uniquement pour faire rire. Le burlesque se distingue par ailleurs du grotesque, qui suppose un ridicule dû à l’étrange, à une contrefaçon de la nature.

L'un des premiers usages du burlesque en littérature date du poème épique railleur de l'Antiquité grecque, la Lutte des grenouilles et des souris. Le burlesque apparaît pour la première fois au théâtre chez les auteurs grecs Aristophane et Euripide, et chez l'auteur romain Plaute. En Angleterre, le burlesque se développe vers le début de la Renaissance ; son principal représentant est Geoffrey Chaucer, dont les œuvres, ainsi que celles de l'Espagnol Cervantès ou du Français Alain René Lesage, ridiculisent le roman médiéval courtois, contribuant à créer et à entretenir la tradition picaresque. Samuel Butler exploite également cette veine dans son poème épique comique Hudibras (1663-1678), imité de Don Quichotte (1605-1615).

EN FRANCE : UNE MODE LITTÉRAIRE

Le burlesque connaît son heure de gloire en France au XVIIe siècle, pendant une dizaine d’années (v. 1643-1653). Le terme emprunté à l’italien (burlesco) est introduit par Jean-François Sarrasin (1614-1654) et désigne « l’explication des choses les plus sérieuses par des expressions tout à fait plaisantes et ridicules ». Souvent le burlesque, qui soigne ses excès et ses effets, use de divers procédés tels les néologismes et archaïsmes, les doubles emplois et les mots polysémiques, les métaphores filées à l’extrême, etc. Il met aussi souvent en scène des couples de maîtres et valets. Le mètre utilisé est l’octosyllabe à rimes plates, par opposition au vers « héroïque » qu’est l’alexandrin.

Scarron et ses contemporains d’Ouville (1590-1657), Boisrobert (1589-1662), Cyrano de Bergerac, Ménage, Saint-Amant et Sarrasin sont les premiers et principaux représentants du burlesque français. En 1643, Scarron publie son Recueil de quelques vers burlesques et, en 1648, les deux premiers chants de son Virgile travesti. Les parodies des grands poètes anciens fleurissent avec notamment le Jugement de Pâris (1648) et Ovide en belle humeur (1650) du sieur D’Assoucy (1605-1677), ainsi que Pharsale (1653) de Georges Brébeuf (1618-1661), adaptation du poème de Lucain. Cette veine est exploitée également par Charles Perrault : les Murs de Troie ou l’Origine du burlesque (écrit avec ses frères, 1653) démythifient les grands héros de l’Énéide, ravalés aux rangs de personnages ordinaires. Par extension, le terme burlesque en vient à désigner un corpus plus large d’œuvres, comme celles qui relèvent de l’héroï-comique, parodie du ton héroïque ou les mazarinades, pamphlets contre Mazarin. Mais le burlesque décline rapidement ; il est attaqué par Madeleine de Scudéry, et Boileau condamne le genre dans son Art poétique (1674). Marivaux, néanmoins, perpétue cette tradition au XVIIIe siècle, avec son Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques (1736).

LE BURLESQUE AU THÉÂTRE

Il existe des traditions spécifiques du burlesque théâtral, de la comedia espagnole à l’esthétique théâtrale du bouffon au XVIIIe siècle. Le burlesque peut reposer sur une dissonance bouffonne entre les personnages et leur langage, leur statut et leur comportement, et met volontiers en parallèle un couple de maîtres et un couple de valets, le second parodiant le langage amoureux et fleuri du premier.

Molière exploite cette veine dans les Précieuses ridicules (1659) ou le Dépit amoureux (1656). Dans sa collaboration avec Lully pour le Bourgeois gentilhomme (1670) et avec Charpentier pour le Malade imaginaire (1673), il donne la quintessence de l’esprit burlesque en articulation avec l’esthétique chorégraphique (les ballets burlesques). En Angleterre, John Gay, avec son Beggar’s Opera (1728), associe burlesque et remise en cause des modèles dramatiques traditionnels. On trouve également un brillant avatar du travestissement dans les opérettes françaises de Jacques Offenbach et dans les opérettes anglaises de sir William Gilbert et de sir Arthur Sullivan.

AUX ÉTATS-UNIS

Aux États-Unis, le terme de burlesque s'applique à une certaine forme de spectacle de variétés, particulièrement populaire entre les deux guerres mondiales. Le burlesque américain, introduit en 1868 par une compagnie de danseuses anglaises, se présente comme un mélange d'acrobaties et de vaudeville. Il se compose habituellement de trois parties : dans la première, une série de chansons et de sketches vulgairement drôles ; dans la deuxième, un bouquet de numéros de variétés et, dans la troisième, des chœurs et des saynètes satiriques. Le final consiste habituellement en une représentation de danse exotique, sinon un match de boxe ou de catch.

Au début du XXe siècle, le genre évolue vers la comédie grivoise. Mais à mesure que le cinéma et la radio deviennent de plus en plus populaires — et le public plus exigeant —, l'intérêt pour le burlesque décline ; les spectacles sont victimes de la censure ou de pressions puritaines. Après avoir révélé des acteurs comme Fanny Brice ou Red Skelton, le burlesque revient à ses sources, pour devenir la principale source d'inspiration des grands comiques du cinéma muet américain (formés pour la plupart à l'école de Mack Sennett), mais aussi de cinéastes français comme René Clair et Jacques Tati.
( Azadunifr )

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