Le XVIIe siècle

Thursday, November 27, 2008
















Cyrano de Bergerac1 ( 1619 - 1655 )
( Mouvement Libertinisme )



Biographie

Hercule Savinien Cyrano de Bergerac, né à Paris le 6 mars 1619, mort à Sannois (Val-d'Oise) le 28 juillet 1655, est un écrivain français.

Poète et libre-penseur, contemporain de Boileau et Molière, il signe ses écrits de noms plus ou moins imaginaires qu’il rattache au sien. Cyrano n’est pas gascon : le Bergerac dont il prend le nom est une terre possédée par sa famille, dans la vallée de Chevreuse sur la commune de Saint-Forget (Yvelines)6. C’est de 1638 que daterait l’ajout de « de Bergerac », peut-être quand il rejoint les Cadets de Gascogne.

Une enfance soumise au pouvoir des pédants laisse à Cyrano un esprit de révolte qui ne se démentira jamais. Sa courte vie est marquée par un sentiment de marginalité et d'étrangeté, sans doute lié à son homosexualité. Cette difficulté à se couler dans un ordre se jouera dans une pensée libre, rétive à tout système. Figure marquante de ce libertinage semi-clandestin qui traverse le dix-septième siècle, Cyrano est influencé par Gassendi et la pensée naturaliste italienne. Mais si la Nature semble bien être la référence décisive chez lui, son anti-dogmatisme survit à toute doctrine, y compris au matérialisme quelquefois un peu étroit de ses amis libertins. Sceptique, il l'est radicalement, ne se contentant pas de nier une croyance pour en adopter une autre. Il existe pour lui un problème du savoir, comme un problème du langage. Contre l'aristotélisme qui domine encore son époque, il vit jusque dans son propre verbe l'expérience d'une fondamentale polysémie, et reste méfiant à l'égard d'une langue à laquelle ses contemporains accordent un crédit aveugle. La modernité de Cyrano se joue ainsi dans les calembours et inventions verbales qui font éclater l'illusion de la véracité du langage. Si sa littérature est pédagogique, elle enseigne surtout le scepticisme, et ses romans s'appliquent avant tout à mettre en doute les savoirs, quels qu'ils soient. Le Pédant joué (une comédie écrite vers 1654) mime cette dérision de la science ; l'histoire comique des Etats et empires de la Lune, celle des Etats et empires du soleil (post., 1652) apparaissent comme des exercices jubilatoires, radicalisant le doute et jouant de la satire dans la grande tradition de Lucien. Signalons enfin La Mort d'Agrippine, une tragédie de 1653, et des Lettres (1654) qui donnent idée de ce qu'aurait pu être une œuvre trop tôt interrompue.

L'écrivain est surtout connu aujourd'hui pour sa comédie Le Pédant joué et pour son Histoire comique des États et Empires de la Lune, première partie de L’autre monde. Cette œuvre, L’autre monde, révèle sa connaissance expérimentale de l’alchimie. Le célèbre alchimiste Fulcanelli le qualifie et l’honore en ces termes : « Le plus grand philosophe hermétique des temps modernes »

Savinien Cyrano a inspiré Edmond Rostand pour créer le personnage central de sa pièce Cyrano de Bergerac. Il est inhumé dans l’église de Sannois.
( Azadunifr )

Sa vie

- Un mythe:

Si l'œuvre de Cyrano de Bergerac n'est guère connue du grand public, le personnage est célèbre. Il est devenu un véritable mythe, grâce à la pièce de théâtre qu'Edmond Rostand lui consacra à la fin du XIXe siècle: mousquetaire gascon, duelliste incorrigible, amoureux transi, cible de la fatalité, être malheureux complexé par un nez proéminent, poète délicat et sensible, tel est le portrait romantique ancré dans les esprits. Mais du mythe à la réalité, la distance est considérable...

Enfance campagnarde et adolescence parisienne:

Contrairement à la légende, Cyrano n'est pas d'origine gasconne. Né à Paris, en 1619, dans une famille bourgeoise, il vient habiter, dès l'âge de trois ans, avec ses parents, à Mauvières, dans la vallée de Chevreuse. Son enfance est donc campagnarde et c'est d'un curé de village qu'il reçoit le début de son instruction. À dix ans, il regagne Paris et entre au collège de Beauvais, dont il se moquera dans sa comédie, Le Pédant joué.

Adolescent, il ne correspond guèrre à cette image d'amant éploré que l'on a donnée de lui. Il mène, an contraire, une vie agitée, recherche les plaisirs, fréquente assidûment les cabarets de la capitale. Souffre-t-il de cet appendice volumineux bien réel, tel que le montre le portrait que l'on conserve de lui? Toujours est-il qu'il sait en plaisanter. À la scène 2 de l'acte III du Pédant joué, il fait dire à la belle Genevote à propos du professeur Granger: « Pour son nez, il mérite bien une égratignure particulière. Cet authentique nez arrive partout un quart d'heure devant son maître; dix savetiers de raisonnable rondeur vont travailler dessous à couvert de la pluie. »

Une brève carrière militaire:

Il se destine au métier des armes et, à l'âge de vingt ans, s'engage comme mousquetaire dans la célèbre compagnie des gardes commandée par Casteljaloux. Véritable d'Artagnan, il se distingue par son courage, ce qui lui vaut le surnom de « démon de la bravoure ». Son intrépidité deviendra bientôt légendaire. On rapporte que, seul contre cent, il triompha, en tuant deux de ses adversaires, en en blessant sept et en faisant fuir les autres! Mais cette carrière militaire est brève. Blessé en 1639, puis en 1640, il quitte l'armée et regagne Paris en 1641.

Les déboires d'un écrivain libertin:

Il suit alors les leçons du philosophe libertin Gassendi , dont Molière, semble-t-il, f ut aussi le disciple. Vient l'époque troublée de la Fronde (1648-1652). Ses positions politiques ne sont pas claires. Il est convaincu de la relativité des choses et navigue au gré de ses intérêts du moment: il prend tour à tour parti contre Mazarin qu' il attaque, en 1649, dans un poème satirique d'une rare violence, Le Ministre d'Etat flambé, puis contre les frondeurs.

Il écrit depuis 1645. Mais il ne parvient pas à vivre de sa plume. Il subsiste quelque temps grâce à l'héritage de son père mort en 1648 et doit bientôt chercher un protecteur, un de ces riches mécènes, soutiens obligés des créateurs. Il entre donc, en 1652, au service du duc d'Arpajon.
Ses idées libertines, son athéisme, lui attirent de nombreuses inimitiés et compliquent sa carrière littéraire. Un de ses manuscrits, l'Histoire de l'étincelle, lui est volé. Il ne parvient pas à faire publier, de son vivant, ses deux romans d'anticipation. Tout est fait pour l'empêcher de s'exprimer.

En 1654, il est victime d'un accident plus que suspect et qui ressemble fort à un attentat: en passant sous un échafaudage, il reçoit une poutre sur la tête. Grièvement bles sé, il meurt l'année suivante, certainement des suites de cette blessure. Il n'a que trente-six ans et laisse une œuvre inachevée.

Burlesque et humour:

Cyrano de Bergerac, comme Scarron, pratique le style burlesque , fait éclater les contradictions du monde, en jouant sur des effets d'opposition. Il donne une importance particulière à un humour décapant, démystifiant, notamment dans ses Lettres (1654) où il s'amuse à accumuler les procédés précieux. Il se fait également l'interprète de la pensée libertine, dont il expose les grandes idées dans sa tragédie, La Mort d'Agrippine (1653) et dans ses deux romans d'anticipation, les bats et Empires de la Lune (1657) et les Etats et Empires du Soleil (1662).

L'Autre monde ou Les états et empires de la Lune (1657)

Le premier éditeur de ce texte en donna une version expurgée, destinée à nuancer la radicalité d'une pensée qui s'avance ici à découvert. Cet autre monde dont il est question, et auquel le narrateur accède après un détour par le Canada et une escale au paradis, n'est pourtant pas un absolu, qui se jouerait dans l'inversion terme à terme des réalités terrestres. Si la Nature semble avoir voix au chapitre sur la Lune, le roman évite l'écueil du didactisme en maintenant un espace du doute. Les satires sur la religion, la mise en cause de la tradition scientifique aboutissent davantage à une ironique confrontation de systèmes qu'à un discours univoque. Donné comme une histoire comique (sous-genre romanesque illustré par Sorel et caractérisé, par rapport à un " vrai " roman comme L'Astrée, par une moindre dignité des héros) ce roman — dans l'acception moderne du terme — est ainsi œuvre ouverte, extravagance au sens fort, jouant d'une fantaisie qui libère la pensée.

les États et Empires de la Lune et du Soleil (1657-1662):

Voyages sur la lune et sur le soleil: les explorations spatiales , les romans, les bandes dessinées et les films d'anticipation nous ont habitués à de telles expéditions. Elles sont plus inattendues au cours de cette première partie du XVIIe siècle. Pourtant, Cyrano n'innove pas: en 1648, paraît, dans une traduction française, le roman de l'Anglais Godwin, L'Homme dans la Lune. Et durant cette période, les discussions sur l'existence d'autres mondes sont à la mode.
Dans ses deux romans, Les États et Empires de la Lune, qu'il achève en 1649 et Les bats et Empires du Soleil, qu'il termine en 1652, Cyrano rapporte le récit d'un voyageur débarque sur la lune, puis sur le soleil. Pour donner l'impression qu'il s'agit de la relation d'un véritable voyage, il le fait parler à la première personne. Cyrano ne pourra apprécier le succès de ces deux ouvrages, puisqu'ils ne paraîtront qu'après sa mort, le premier en 1657 et le second en 1662.
C'est que ce qu'il dit par voyageur interposé n'est pas inoffensif. Il expose en effet une conception libertine du monde reposant sur le matérialisme. Ses propos sont d'autant plus dangereux pour les défenseurs de la religion et de l'ordre social qu'il sait plaire et amuser. Il connaît déjà ces recettes qui feront le succès du roman et du conte philosophiques du XVIIIe siècle. Il se sert des procédés burlesque , en jouant sur les effets d'opposition et de contraste: il montre la relativité des coutumes françaises, en décrivant les coutumes souvent plus cohérentes des habitants de la lune et du soleil. Il se moque des conventions avec humour. Il marie habilement la fantaisie et le réalisme. Il s'appuie, en particulier, sur l'exotisme, sur un dépaysement créé par les lieux étrangés où se déroule l'action ou par la description de techniques et de découvertes nées d'une imagination débridée: il « invente » notamment la fusée à étages et le phonographe.

la Mort d'Agrippine (1653):

Cyrano de Bergerac a écrit deux pièces de théâtre, une comédie , Le Pédant joué, achevée en 1645, qui ne fut certainement jamais représentée du vivant de son auteur et une tragédie , La Mort d'Agrippine, créée en 1653 au théâtre de l'Hôtel de Bourgogne.

Tragédie en cinq actes et en vers dont le thème dominant est le mensonge comme moteur du discours des hommes entre eux ; les dieux en sont exclus, notamment à travers une scène qui fit scandale, dans laquelle Sejanus professe son athéisme :

La Mort d'Agrippine met en scène une conspiration dirigée contre l'empereur romain Tibère (42 av. J.-C. ?-37 ap. J.-C.). Un peu comme plus tard, dans Bajazet de Racine; si les conspirateurs poursuivent le même but, tuer Tibère, ils sont animés par des motifs différents: Agrippine - dont Néron sera le petit-fils - veut venger l'assassinat de son mari, Germanicus; Séjanus, le ministre et le favori de Tibère, agit, à la fois, par ambition et par amour pour Agrippine; Livilla, enfin, est poussée par la volonté de défendre la mémoire de son père, autre victime de l'empereur, et par la passion qu'elle éprouve pour Séjanus. La conspiration sera finalement découverte; les conjures seront exécutés, à l'exception d'Agrippine que Tibère maintiendra cruellement en vie, afin de la « voir nourrir/Un trépas éternel, dans la peur de mourir ».

L'intérêt de La Mort d'Agrippine réside dans l'efficacité de la construction dramatique et dans la violence des passions. Mais ce qui surprend surtout, c'est l'expression exacerbée d'une pensée libertine, c'est la revendication de l'athéisme. Voilà qui fit scandale et qui fut la cause de l'interdiction de la pièce après quelques représentations.
( Azadunifr )

Œuvres principales


Histoire comique des États et Empires de la Lune,

L'Histoire comique des États et Empires de la Lune est un conte initiatique sur la base d'un voyage imaginaire écrit par Cyrano de Bergerac vers 1650 et publié deux ans après sa mort (survenue le 28 juillet 1655) par son ami Henry Le Bret.

Histoire comique des États et Empires du Soleil


L'Histoire comique des États et Empires du Soleil est une œuvre posthume de Savinien Cyrano de Bergerac qui fait suite à l'Histoire comique des États et Empires de la Lune.

Le héros, Dyrcona, revenu de son voyage dans la Lune, est accueilli par le Comte de Colignac. Accusé de sorcellerie, il est arrêté, s'évade, et s'envole vers le Soleil. Sur un satellite, il s'entretient avec un petit homme qui lui fait un exposé inspiré de Gassendi. Dans les états et empires du Soleil, il rencontre un phénix, puis séjourne au royaume des oiseaux.

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