Le XVIIe siècle

Wednesday, November 19, 2008









Théophile de Viau
( 1590 - 1626 )


Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge baroque français.

Théophile est le poète le plus lu au XVIIe siècle, même s’il sera oublié suite aux critiques des Classiques. Son écriture est aisée et innovante. C’est un moderne.
Depuis le XXe siècle, on le classe comme un auteur baroque. On le considère également comme un libertin. Même si ce dernier terme apparaît un peu dans son œuvre, ce sont avant tout des dénominations tardives.

Bien qu’un moment protégé du roi Louis XIII, il a dû se convertir au catholicisme, et vivre longtemps caché suite à des peines d’exil prononcées contre lui. Il a en effet été accusé à tort d’avoir publié des poèmes obscènes. On lui reprochait en fait ses croyances très libres et son homosexualité.
( Azadunifr )

Sa vie

Une grande indécision religieuse:

Théophile de Viau offre un parfait exemple de la confusion religieuse qui caractérise cette l'époque du XVIIe siècle. Durant sa courte vie de trente-six ans, il adopte en effet trois attitudes différentes face à la foi. Il est d'abord influencé par le protestantisme: il est né près d'Agen en 1590, en pleine guerre de religion, de parents protestants; de 1615 à 1616, il combat en Guyenne avec l'armée protestante, au côté du comte de Candale, contre les troupes royales. Parallèlement, à partir de 1615, il est attiré par la pensée libertine orientée vers l'athéisme. Il subit enfin l'influence du catholicisme: en 1621, il rejoint l'armée du roi et lutte contre les protestants; en 1622, il se convertit an catholicisme et reçoit la communion, avant de mourir, le 25 septembre 1626.


Persécuté...

Son athéisme lui attirera poursuites et persécutions. En 1619, il est exilé pour avoir composé des vers impies.

En 1623, il est condamné à être brûlé vif et trouve refuge à Chantilly chez le duc de Montmorency. Il est bientôt arrêté, alors qu'il tente de passer aux Pays-Bas. Emprisonné, il est à nouveau jugé et frappé, en 1625, de bannissement perpétuel. À sa sortie de prison, il est, une fois encore, accueilli par le duc de Montmorency.

mais apprécié:

S'il est persécuté, Théophile de Viau n'en est pas pour autant un écrivain maudit. Ses poèmes, publiés en 1621, 1623 et 1624, connaissent un grand succès. C'est le triomphe pour sa tragédie , Pyrame et Thisbé, représentée en 1621.

Plus de soixante éditions de ses œuvres paraissent an cours du XVIIe siècle: il est le poète le plus lu de son époque, un poète épris de liberté, désireux de vivre comme il l'entend et d'écrire selon sa fantaisie, poussé par son tempérament et non corseté par les règles.

Son œuvre:

Dramatique exemple des vicissitudes de la littérature sceptique et la cour, Théophile de Viau laisse une œuvre poétique riche et originale, indépendante des leçons de Malherbe qu'il admire en refusant de l'imiter.

Il exprime « dans une langue moderne la sensibilité d'une âme moderne » (A. ADAM): il aime sincèrement et spontanément « la nature, la vie, la société, l'océan, ses vagues; son calme... la musique, les beaux habits, la chasse, les beaux chevaux, les bonnes odeurs, la bonne chère »... ainsi évoque-t-il naturellement toutes les beautés du monde lorsqu'il veut adresser un bon éloge au roi, ou supplier Cloris de lui accorder « un amoureux plaisir ».

Mais il a aussi chanté les formes les plus sombres de la passion: faiblesses et déceptions, humiliations et chagrin d'amour, et il a découvert avec l'exil la tristesse profonde de la condition humaine.

On comprend que, jusqu'à Boileau, Saint-Amant et Tristan l'Hermite, et plus longtemps qu'eux, Théophile de Viau ait eu une renommée éclatante.

Depuis les Regrets de Du Bellay, il n'est pas un sonnet qui traduise de façon plus poignante et plus sobre que celui sur son exil le désespoir et la douleur de vivre.

les Œuvres poétiques (1621-1624 et éditions posthumes):

Le sentiment de la nature est au centre des Œuvres poétiques. Théophile de Viau est sensible à l'éphémère, au changeant. Il sait apprécier les modifications subtiles qui apparaissent dans un paysage, qui le rendent émouvant, parce que chaque moment est unique, inoubliable. Il est là, ouvert à toutes les impressions, les sens en alerte, avide de profiter de cette vie qui s'offre à lui. Ce bonheur de vivre, de se sentir vivre éclate à chaque vers: il est présent dans la poésie lyrique, mais aussi dans l'humour que Théophile de Viau pratique dans ses Épigrammes. (Précis de notion: épigramme )

Pyrame et Thisbé (1621):

La tragédie de Pyrame et Thisbé fut vraisemblablement créée en 1621. Éditée pour la première fois en 1623, elle donna lieu à plus de soixante-dix rééditions au cours du XVIIe siècle. Théophile de Viau était décidément un auteur à succès. . tragédie de 5 actes en alexandrins

Pyrame et Thisbé sont deux amants légendaires de la mythologie grecque et romaine. Leur histoire, issue de la matière orientale, est à l'intersection du mythe et du romanesque
La pièce est marquée par le romanesque et le lyrisme . Dans la Babylone antique, Pyrame et Thisbé s'aiment, mais deux obstacles s'opposent à cet amour. Comme dans Roméo et Juliette de William Shakespeare, les deux familles sont ennemies et ne veulent pas entendre parler de mariage. D'autre part, le roi est éperdument amoureux de Thisbé et utilise son pouvoir pour s'opposer à Pyrame. Devant cette situation, les deux amoureux décident de s'enfuir. Ils doivent se retrouver, la nuit, dans un endroit écarté. Mais Pyrame, arrivé le premier au lieu du rendez-vous, voit du sang et les traces du passage d'un lion. Il croit que Thisbé a été dévorée et se tue. Thisbé, parvenue à son tour à l'endroit fixé, se suicidera sur le corps de son bien-aimé.

Le mythe de Pyrame et Thisbé

Œuvres principales

Traité de l’immortalité de l’âme,
la Maison de Sylvie, les Sonnets.
Pyrame et Thisbé (1621), tragédie
Œuvres poétiques (1621-1624 et éditions posthumes)

( Azadunifr )

Poèmes de Théophile de Viau

Elégie

Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle,
Que ta vie est sujette à la loi naturelle,
Et qu'à la fin les traits d'un visage si beau
Avec tout leur éclat iront dans le tombeau,
Sans espoir que la mort nous laisse en la pensée
Aucun ressentiment de l'amitié passée,
Je suis tout rebuté de l'aise et du souci
Que nous fait le destin qui nous gouverne ici,
Et, tombant tout à coup dans la mélancolie,
Je commence à blâmer un peu notre folie,
Et fais voeu de bon coeur de m'arracher un jour
La chère rêverie où m'occupe l'amour.
Dieu nous a tant donné de divertissements,
Nos sens trouvent en eux tant de ravissements,
Que c'est une fureur de chercher qu'en nous-même
Quelqu'un que nous aimions et quelqu'un qui nous aime.
Le coeur le mieux donné tient toujours à demi,
Chacun s'aime un peu mieux toujours que son ami ;
On les suit rarement dedans la sépulture ;
Le droit de l'amitié cède aux lois de nature.
Pour moi, si je voyais, en l'humeur où je suis,
Ton âme s'envoler aux éternelles nuits,
Quoi que puisse envers moi l'usage de tes charmes,
Je m'en consolerais avec un peu de larmes. ...
Le ciel en soit loué ! Cloris, je suis guéri.
Car insensiblement ma muse un peu légère
A passé dessus toi sa plume passagère,
Et, détournant mon coeur de son premier objet,
Dès le commencement j'ai changé de sujet,
Emporté du plaisir de voir ma veine aisée
Sûrement aborder ma flamme rapaisée
Et jouer à son gré sur les propos d'aimer,
Sans avoir aujourd'hui pour but que de rimer,
Et sans te demander que ton bel oeil éclaire
Ces vers, où je n'ai pris aucun soin de te plaire.

Quand tu me vois...

Quand tu me vois baiser tes bras,
Que tu poses nus sur tes draps,
Bien plus blancs que le linge même,
Quand tu sens ma brûlante main
Se pourmener dessus ton sein,
Tu sens bien, Cloris, que je t'aime.

Comme un dévot devers les cieux,
Mes yeux tournés devers tes yeux,
A genoux auprès de ta couche,
Pressé de mille ardents désirs,
Je laisse sans ouvrir ma bouche,
Avec toi dormir mes plaisirs.

Le sommeil aise de t'avoir
Empêche tes yeux de me voir,
Et te retient dans son empire
Avec si peu de liberté,
Que ton esprit tout arrêté
Ne murmure ni ne respire.

La rose en rendant son odeur,
Le soleil donnant son ardeur,
Diane et le char qui la traîne,
Une Naïade dedans l'eau,
Et les Grâces dans un tableau,
Font plus de bruit que ton haleine.

Là je soupire auprès de toi,
Et considérant comme quoi
Ton oeil si doucement repose,
Je m'écrie : ô Ciel ! peux-tu bien
Tirer d'une si belle chose
Un si cruel mal que le mien ?

Théophile de Viau (1590-1626)

( Azadunifr )

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