Le XVIIe siècle

Wednesday, November 19, 2008












Honoré d'Urfé

( 1567 – 1625 )

Honoré d'Urfé, né le 11 février 1567 à Marseille et mort le 1er juin 1625 à Villefranche-sur-Mer, est un écrivain français, auteur du premier roman-fleuve de la littérature française, l'Astrée.

Biographie


Né à Marseille dans une famille noble originaire du Forez alliée de la Maison de Savoie par sa mère (Renée de Savoie-Tende) venue alors à Marignane pour traiter de ses affaires avec Françoise de Foix, Honoré d'Urfé fait ses études chez les jésuites. Homme d'action, il prend parti pour la Ligue catholique et reste à jamais fidèle au duc de Nemours.

Le 2 décembre 1592, le duc de Nemours prend Montbrison (Loire). Honoré se remet alors au service du duc et rompt avec Anne d'Urfé, bailli de Forez, qui tente dès lors de pacifier la province. À sa sortie de prison, le 26 juillet 1594, Nemours nomme Honoré « lieutenant-général au gouvernement de Forez ».

En 1600, le 15 février, Honoré revient en Forez pour épouser Diane de Châteaumorand, sa belle-sœur, après l'annulation de son mariage avec Anne d'Urfé.

Auteur d'un poème pastoral, sans doute écrit vers 1604 La Sireine, il défend les théories platoniciennes de l'amour dans les Épîtres morales (1603).

Il fonde, vers 1606/1607, avec ses amis Antoine Favre, François de Sales et Claude Favre de Vaugelas, l'Académie florimontane, la première société savante de Savoie.
Il est surtout connu pour son roman précieux L'Astrée, roman d'aventures en partie autobiographique paru entre 1607 et 1633. Cette œuvre inachevée, publiée en quatre parties entre 1607 et 1627, s'inscrit dans la tradition des romans hellénistiques, de Virgile et des poètes courtois.

L'Astrée comporte plus de 5 000 pages, soit cinq parties divisées chacune en 12 livres. Les trois premières parties sont publiées en 1607, 1610, et 1619 et lorsque d'Urfé meurt en 1625, son secrétaire Balthazar Baro aurait achevé la quatrième partie et lui aurait donné une suite (1632-1633).

Selon Larousse (1863), les cinquième et sixième parties auraient été composées par Pierre Boitel, sieur de Gaubertin, et éditées en 1626. C'est l'un des plus considérables succès du siècle, qui n'aura pas de postérité véritable dans le genre du roman pastoral, mais une influence considérable sur le roman, le théâtre (Molière), l'opéra et les mentalités. L'impact de ce roman se fait encore sentir aujourd'hui puisque les porcelaines à glaçure verte, à l'origine venant de Chine et de Corée, sont encore appelées céladons de nos jours, en souvenir du nom du second personnage de ce roman lequel était toujours en habits ornés de rubans vert tendre. Cette influence s'exerce aussi dans le monde anglo-saxon.

Les épisodes de ce roman d'amour ont été nourris des quelques années passées en région forézienne où la famille d'Urfé, installée vers l'an 1000 au dessus de Champoly, avait construit dans la plaine du Lignon du Forez le Château de la Bastie d'Urfé, le premier des châteaux dits « Renaissance ».

Il a également laissé un recueil de poèmes la Savoysiade (1609), une pastorale en cinq actes la Sylvanire ou la Morte vive (1625).

Il meurt au cours d'une campagne militaire, en 1625, au cours de laquelle il mène les troupes savoyardes du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie contre les Espagnols.

( Azadunifr )

Sa vie

Une enfance champêtre:

Honoré d'Urfé naît en pleine guerre de religion. Mais son enfance est paisible. Il est en effet élevé dans la région champêtre du Forez, au sud-est du Massif central. Il parcourt les bois et les prés de ce pays riant et verdoyant qui servira de cadre à son roman, L'Astrée. Il apprend à aimer cette contrée, à apprécier la nature. Son œuvre le montre, il est plus attiré par la vie campagnarde que par l'existence de la cour.

L'engagement militaire:

Mais la guerre civile ravage la France. Il est bien difficile de ne pas prendre parti. Après des études accomplies au collège de Tournon, ville située au sud de la vallée du Rhône, Honoré d'Urfé, fervent catholique, s'engage dans le conflit. En 1590, il rejoint la Ligue. Sous la direction du duc de Guise, cette confédération réunit les catholiques qui s'opposent au roi Henri III, auquel ils reprochent d'avoir pactisé avec les protestants.

De 1590 à 1600, il mène une dangereuse vie d'aventures. À deux reprises, il est fait prisonnier par les troupes royales, puis relâché, et finit par se mettre au service du duc de Savoie, adversaire résolu du roi de France. La réconciliation de la France et de la Savoie le rapproche d'Henri IV. Après plusieurs campagnes militaires, il mourra finalement d'une pneumonie, a Villefranche-sur-Mer, au cours de la guerre engagée par la Savoie et la France contre l'Espagne et Gênes. L'Astrée est toute bruissante du fracas des combats qui marquèrent sa vie.

Une sensibilité romanesque:

Guerrier, Honoré d'Urfé est également un être à la sensibilité romanesque. Dans cette Astrée qui sera publiée de 1607 à 1627, il met un peu de sa vie sentimentale. Elle est toute de nostalgie et de désenchantement. À l'âge de dix-sept ans, il tombe éperdument amoureux de sa belle-sœur, Diane de Ghateaumorand. Est-ce un amour impossible? Le destin en décide autrement. Seize ans plus tard, en 1600, son frère se consacre à la vie religieuse et fait annuler son mariage. Honoré d'Urfé peut enfin épouser celle qu'il aime. Serait-ce le bonheur? Ce sera plutôt la désillusion, il ne s'entend pas avec sa nouvelle épouse et ils se séparent en 1613: dans son roman pastoral, les bergères et les bergers, les princes et les princesses connaissent, eux aussi, les difficultés et les revirements de la passion.

Ses Œuvres

1583 : La triomphante entrée de Magdeleine de La Rochefocaud à Tournon
1603 : Épîtres morales
1604 : La Sireine
1607 : L’Astrée
1609 : la Savoysiade
1625 : la Sylvanire ou la Morte vive

( Azadunifr )

Œuvre principale

L'Astrée:


L’Astrée est un roman pastoral publiée de 1607 à 1627, par Honoré d'Urfé.
Œuvre littéraire majeure du XVIIe siècle, l’Astrée est parfois appelé « le Roman des romans », d’abord par sa taille, qui fait qu’on le considère comme le premier roman-fleuve de la littérature française (5 parties, 40 histoires, 60 livres, 5 399 pages), mais aussi par le succès considérable qu’il a eu dans l’Europe tout entière (traduit en un grand nombre de langues et lu par toutes les cours européennes).

Aujourd’hui encore, cette œuvre extraordinaire est rééditée régulièrement, que ce soit dans des éditions intégrales, dans un format livre de poche ou même en bande dessinée. Les trois premières parties sont publiées en 1607, 1610, et 1619 et lorsque d’Urfé meurt en 1625, son secrétaire Balthazar Baro aurait achevé la quatrième partie et lui aurait donné une suite (1632-1633). Mais selon Larousse (1863), les cinquième et sixième parties auraient été composées par Pierre Boitel, sieur de Gaubertin, et éditées en 1626.

Cinq tomes, en comptant le tome V que rédigea le secretaire d'Honoré d'Urfé après sa mort, plus de cinq mille pages, L'Astrée est une œuvre colossale, un roman-fleuve dont la lecture demande des dizaines d'heures. Sa dimension ne découragea pourtant pas les lecteurs de l'époque: ils attendaient avec impatience la suite de ces aventures passionnantes dont la publication s'étala sur plus de vingt ans. Ils s'y plongeaient avec délectation, comme on se plonge dans un feuilleton. Ils y retrouvaient leur vie, faite à la fois de combats et d'intrigues amoureuses, pleine de cruautés et de sentiments. Longtemps durant le XVIIe siècle, cette œuvre monumentale devait servir de référence au comportement amoureux et exercer une influence sur la littérature.

L'action se déroule au Ve siècle, à l'époque des druides, dans la région du Forez. La bergère Astrée et le berger Céladon s'aiment. Mais leurs familles, qui se haïssent, s'opposent à leur amour. Pour brouiller les pistes, Céladon fait semblant d'aimer Aminthe. Sémire, épris d'Astrée, exploite la situation en faisant croire à la jeune bergère que Céladon lui est réellement infidèle. Devant les reproches d'Astrée, Céladon, désespéré, se jette dans la rivière.

Évidemment, il ne se noie pas. Il est recueilli par trois nymphes qui tombent amoureuses de lui. Aidé par le druide Adamas, il parvient à leur échapper et se réfugie dans la forêt. Astrée lui a en effet défendu de revenir auprès d'elle sans son ordre et il se soumet à cette volonté, en amant obéissant. La situation semble donc sans issue. Adamas va trouver une solution. Céladon, déguisé en jeune fllle, rejoint Astrée. Ils se lient d'amitié et deviennent bientôt inséparables. Mais Céladon est bien résolu à ne pas révéler sa véritable identité, tant qu'Astrée n'aura pas décidé de le rappeler. C'est dans cette position inconfortable qu'Honoré d'Urfé laisse ses deux héros.

Heureusement, le secrétaire d'Honoré d'Urfé, Baro, qui achève le roman , les sort de cette situation impossible. Astrée se décide à appeler le fantôme de Céladon, qu'elle croit mort. C'est Céladon en chair et en os qu'elle aperçoit alors, stupéfaite. Mais, au lieu de tomber dans ses bras - ce serait trop simple et trop peu romanesque -, elle le chasse à nouveau. Ils se retrouveront enfin, définitivement unis, devant la miraculeuse fontaine de la vérité d'Amour.

C'est là une histoire bien romanesque et bien compliquée. Ce n'est pourtant que l'intrigue centrale, et de nombreuses intrigues secondaires s'y ajoutent, qui, souvent, introduisent une atmosphère d'aventure et de guerre. Mais l'amour demeure essentiel. Il est décrit dans toute sa complexité. Sous les bergères et les bergers, se cachent en fait les gens de la cour, avides de subtilités amoureuses, attirés par une conception de l'amour qui repose sur le mérite, sur les valeurs morales, sur ce précepte cornélien avant la lettre: « Il est impossible d'aimer ce que l'on n'estime pas ».

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Résumé

Il serait difficile, voire impossible d’établir une sorte de résumé de L’Astrée, car ce livre n’est pas qualifié sans raison de roman-fleuve ou d’œuvre à tiroirs. Notons tout de même qu’il est constitué de 5 parties, de 40 histoires, de 60 livres et de 5399 pages. Mais le fil rouge de ce livre reste l’histoire d’amour parfaite entre l’héroïne (qui a donné son nom au livre) Astrée et Céladon (personnage qui a donné son nom à un type de céramique, propre à la Chine et à l’Extrême-Orient). Il s’agit de deux bergers foreziens. Les perfidies de certains personnages, les ambitions politiques d’autres, les mésaventures amoureuses des deux héros constituent la grande partie de ce roman extrêmement dense et complexe, qui contient diverses autres péripéties vécues par des personnages n’ayant aucun lien avec l’histoire centrale, mais qui illustrent par leurs vies, celles vécues par les protagonistes principaux.

Situation géographique de l’œuvre

L’Astrée est un « roman pays », qui se déroule dans le Forez, région située au nord de Saint-Étienne, et qui est évoquée très élogieusement au tout début du livre, avec cette célèbre introduction : « Auprès de l’ancienne ville de Lyon, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez, qui en sa petitesse contient ce qu’il y a de plus rare au reste des Gaules… Plusieurs ruisseaux en divers lieux vont baignant la plaine de leurs claires ondes, mais l’un des plus beaux est Lignon, qui vagabond en son cours, aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervières et de Chalmazel jusque à Feurs où Loire le recevant, et lui faisant perdre son nom propre, l’emporte pour tribut à l’Océan. »
L’apparente fierté de l’auteur du texte précédent vient probablement du fait qu’il fut lui-même habitant de la région décrite, et ce dans le château Renaissance de la Bastie d'Urfé, construit par son grand-père, Claude d’Urfé. Aussi, et c’est en cela que le livre perdure à travers les âges depuis sa rédaction, le théâtre des actions racontées dans le livre est toujours présent dans le Forez, et, ayant conservé les mêmes noms, les lieux et les itinéraires sont particulièrement propices à l’évocation du roman. Le Lignon du Forez, encore présent aujourd’hui a une place importante dans l’œuvre d’Honoré d’Urfé, et est décrit de la manière suivante par l’auteur : « … Le cours de cette rivière, qui passant, contre les murailles de la ville de Boën, semble couper cette plaine presque par le milieu, s’allant rendre au-dessous de Feurs dans le sein de la Loire… » L’Astrée a tellement marqué les esprits, que le Forez est aussi appelé « Pays d’Astrée ».

Influences

Cette œuvre, par le simple fait de son succès retentissant, a été lue par un nombre immense de personnes, et par là influença de nombreux auteurs comme Jean-Jacques Rousseau, Jean de la Fontaine ou Molière qui pendant leur enfance et leur adolescence, furent enchantés par l’Astrée. Cette œuvre marque un tournant dans la littérature mondiale, et aura une influence considérable sur le roman, le théâtre, l’opéra et les mentalités les plus diverses.

Astrée dans la mythologie

L’héroïne qui apparaît dans l’œuvre d’Honoré d’Urfé est le personnage de la mythologie grecque, qui revient en Gaule et que l’auteur décrit de cette manière dans la dédicace du Tome III, qu’il a fait au roi, « Fille de Jupiter et de Thémis : cette Astrée que la sage antiquité a toujours pris pour la justice… revenue dans les Gaules son ancienne et plus agréable demeure. » Avec un tel personnage principal, l’Astrée est une prolifique synthèse des mythes fondateurs de l’Europe où la recherche d’une certaine éthique, les thèmes de la justice et de la paix font de cette œuvre une vision du monde toujours contemporaine.

( Azadunifr )

Poèmes d'Honoré d'Urfé

Stances d’Hylas

Je le confesse bien, Philis est assez belle
Pour brûler qui le veut ;
Mais que, pour tout cela, je ne sois que pour elle,
Certes il ne se peut.

Lorsqu’elle me surprit, mon humeur en fut cause,
Et non pas sa beauté ;
Ores qu’elle me perd, ce n’est pour autre chose
Que pour ma volonté.

J’honore sa vertu, j’estime son mérite
Et tout ce qu’elle fait ;
Mais veut-elle savoir d’où vient que je la quitte ?
C’est parce qu’il me plaît.

Chacun doit préférer, au moins s’il est bien sage,
Son propre bien à tous ;
Je vous aime, il est vrai, je m’aime davantage :
Si faites-vous bien, vous.

Bergers, si dans vos cœurs ne régnait la feintise,
Vous en diriez autant ;
Mais j’aime beaucoup mieux conserver ma franchise
Et me dire inconstant.

Qu’elle n’accuse donc sa beauté d’impuissance,
Ni moi d’être léger ;
Je change, il est certain ; mais c’est grande prudence
De savoir bien changer.

Pour être sage aussi, qu’elle en fasse de même,
Égale en soit la loi.
Que s’il faut, par destin, que la pauvrette m’aime,
Qu’elle m’aime sans moi !


Elle feint de m'aimer


Elle feint de m'aimer, pleine de mignardise,
Soupirant après moi, me voyant soupirer,
Et par de feintes pleurs témoigne d'endurer
L'ardeur que dans mon âme elle connaît éprise.

Le plus accort amant, lorsqu'elle se déguise,
De ses trompeurs attraits ne se peut retirer :
Il faut être sans cœur pour ne point désirer
D'être si doucement déçu par sa feintise.

Je me trompe moi-même au faux bien que je vois,
Et mes contentements conspirent contre moi.
Traîtres miroirs du cœur, lumières infidèles,

Je vous reconnais bien et vos trompeurs appas :
Mais que me sert cela, puisqu'Amour ne veut pas,
Voyant vos trahisons, que je me garde d'elles ?

Je voudrais bien être vent quelquefois

Je voudrais bien être vent quelquefois
Pour me jouer aux cheveux d’Uranie,
Puis être poudre aussitôt je voudrais,
Quand elle tombe en sa gorge polie.

Soudain encor je me souhaiterais
Pouvoir changer en cette toile unie
Qui va couvrant ce beau corps que je dois
Nommer ma mort aussitôt que ma vie.

Ces changements plairaient à mon désir,
Mais pour avoir encor plus de plaisir,
Je voudrais bien puce être devenue,

Je baiserais ce corps que j’aime tant,
Et la forêt à mes yeux inconnue
Me servirait de retraite à l’instant.

Honoré d’Urfé
( Azadunifr )

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