Le XVIIe siècle

Thursday, December 04, 2008

La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves est un roman publié anonymement par Marie-Madeleine de La Fayette en 1678. Cette œuvre est considérée comme le premier roman moderne de la littérature française.

Préciosité

Dans sa jeunesse, Madame de La Fayette fréquente les salons précieux de l’hôtel de Rambouillet et de Madeleine de Scudéry. La préciosité marque encore le siècle, et l’influence de l’ouvrage phare du courant, l'Astrée d’Honoré d'Urfé, se fait toujours sentir dans la littérature. Madame de la Fayette n’est donc pas exempte de préciosité, lorsqu’elle écrit la Princesse de Clèves.
Le premier aspect de préciosité est donc extérieur à l’œuvre, puisqu’il concerne Madame de Lafayette elle-même. En effet, étant une femme écrivain, elle s’inscrit dans la lignée de ces précieuses lettrées, symbolisées par Madeleine de Scudéry. Une œuvre issue de la fréquentation des salons précieux et écrit par une femme porte alors la marque de la préciosité.

La première et la plus évidente des marques de préciosité dans la nouvelle est l’importance accordée au thème de l’amour, et la forme que ce dernier prend. Les salons précieux, en effet, se nourrissent de discussions sur l’amour, dans le but de résoudre des cas typiques (Une femme doit-elle céder à son amant ?). L’amour est un thème central du mouvement précieux. Ce type de problèmes se retrouvent dans l’ensemble de l’œuvre, de manière plus ou moins explicite. Par exemple, l’aveu que Madame de Clèves fait de son amour pour Monsieur de Nemours à son mari est un cas typique de question précieuse : une femme doit-elle avouer qu’elle a un amant à son mari ? De la même façon, le comportement de Madame de Tournon pose certaines questions d’amour : une femme doit-elle promettre un mariage ? Une femme doit-elle épouser l’homme qu’elle aime ? Enfin, la situation la plus explicite de conversation précieuse est celle qui fait discuter la reine Dauphine et le Prince de Condé de l’opinion de Monsieur de Nemours, qui ne veut pas que sa maitresse aille au bal.
Autre manifestation de la préciosité, la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours, qui représentent en quelque sorte l’idéal précieux : beaux, intelligents et gracieux. Ils sont appelés à être au-dessus des autres humains. En somme, ils concentrent en eux toutes les qualités nécessaires à l’amour idéal, l’amour pur. Cela dit, l’amour précieux demeure généralement malheureux, comme celui qui unit la princesse et le duc.

En effet, l’amour est toujours teinté de jalousie, de tromperies. L’idéal précieux demeure un idéal, c’est-à-dire qu’il ne peut se réaliser que dans un cadre utopique semblable à celui de l’Astrée. Or, Madame de Clèves demeure irrémédiablement ancrée dans la réalité historique ; elle ne peut échapper à la jalousie. « Mais elle se trompait elle-même ; et ce mal, qu’elle trouvait si insupportable, était la jalousie avec toutes les horreurs dont elle peut être accompagnée. » (Deuxième Partie)

La conception de l’amour précieux s’illustre par ailleurs dans les valeurs défendues, au fil de la nouvelle, par divers personnages. De façon assez générale, ces valeurs reprennent celles qui sont modélisées par la Carte de Tendre. Elles constituent l’idéal amoureux précieux, idéal bien entendu inaccessible.

Le poids de la préciosité dans la Princesse de Clèves se remarque également par l’emploi continu d’un vocabulaire précieux, vocabulaire éthéré, termes vagues, et néologismes précieux sous la forme d’adverbes. Deux exemples de cet emploi du vocabulaire précieux :


• « [...] elle loua Monsieur de Nemours avec un certain air qui donna à Madame de Chartres la même pensée qu’avait eue le chevalier de Guise » (Première Partie)
• « Je crois devoir à votre attachement la faible récompense de nous cacher aucun de mes sentiments et de vous les laisser voir tels qu’ils sont. » (Quatrième Partie)

Résumé de La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves est un roman écrit par Marie-Madeleine de La Fayette en 1678. Il est considéré comme le premier véritable roman français.

L'histoire :

En cette fin du règne de Henri II, la cour de France brille d’un éclat insurpassable. Autour du roi, de sa favorite Mme de Valentinois (titre porté par Diane de Poitiers) que tolère la reine Catherine de Médicis, toute une humanité d’élite vit dans une fête perpétuelle. Une galerie de rois et de princes s’offre à nous, parmi lesquels se détachent le prince de Clèves, homme de bravoure et de modération, et le duc de Nemours, ''chef-d’œuvre de la nature'' aux innombrables succès féminins. De féroces luttes d’ambition, arbitrées par Mme de Valentinois, divisent par ailleurs cette cour, et se révèlent surtout lors des mariages princiers. On apprend qu’Elisabeth, nouvelle reine d’Angleterre, éblouie par la réputation du duc de Nemours, songe à l’épouser.

Une princesse d’une exceptionnelle beauté fait alors son apparition à la cour, Mlle de Chartres, un des plus riches partis du royaume. Sa mère, Mme de Chartres, lui a enseigné les mérites de la fidélité conjugale et songe à la marier. En visite chez un joaillier, la jeune fille éblouit par sa beauté le prince de Clèves. Celui-ci cherche à revoir la belle inconnue. Devenu passionnément amoureux, il souhaite l’épouser, en dépit de nombreux rivaux. Heureusement pour lui, l’intrigue de cour fait échouer un premier projet de mariage de Mlle de Chartres, puis un second, plus brillant encore. Libéré par la mort de son père, opposé à ce mariage, le prince de Clèves peut faire sa déclaration à Mlle de Chartres : celle-ci accueille cette proposition sans répugnance ni joie particulière ; et le mariage se trouve conclu. M. de Clèves sent bien que la jeune fille n’a choisi qu’une union de convenance, et lui avoue son amertume. Mme de Chartres, tout aussi lucide, recommande à sa fille une fidélité à toute épreuve. On célèbre au Louvre une cérémonie magnifique.

Le mariage ne change rien aux sentiments de Mme de Clèves envers son époux ; celui-ci se ronge d’inquiétude. Pendant ce temps, M. de Nemours se prépare à se rendre à la Cour d’Angleterre, en équipage magnifique, pour épouser la reine Élisabeth. Il revient à Paris pour le bal de fiançailles de la fille du roi. La princesse de Clèves - informée par ailleurs de son éclatante réputation - danse alors avec lui, mais sans connaître son identité. Le couple qu’ils forment attire tous les regards. M. de Nemours est subjugué ; la princesse, troublée, affecte de ne pas deviner qui il est. Mme de Chartres devine aisément les menaces qui pèsent sur sa fille. Les jours suivants, la princesse n’a d’yeux que pour M. de Nemours, et celui-ci conçoit pour elle une passion violente. Mme de Chartres raconte à sa fille la carrière tumultueuse de Mme de Valentinois, maîtresse jalouse du roi Henri II, après l’avoir été du père de celui-ci, François 1er ; cette rivalité du père et du fils, au sujet d’une même femme, eut de graves conséquences pour l’État. Cependant, Nemours est transformé par la passion : maîtresses, amis, projet de mariage royal, il oublie tout, sans avouer ses raisons à personne. A quelque temps de là, le maréchal de Saint-André, autre soupirant de Mme de Clèves, donne un grand bal. Il compte ainsi éblouir la princesse, mais Mme de Clèves apprend que M. de Nemours ne peut se rendre à ce bal et qu’il regrette son éventuelle présence à cette fête. Aussitôt, prétextant une maladie, elle refuse l’invitation au bal. Mme de Chartres, une fois de plus, perce le jeu de sa fille, Dans son désir de la détromper au sujet de M. de Nemours, elle éveille en fait sa jalousie. Mme de Clèves découvre en elle-même un sentiment nouveau, l’amour, et son mari n’en est pas l’objet.

Mme de Chartres tombe malade. M. de Nemours, par tous les moyens, cherche à revoir la princesse, laquelle ne peut s’empêcher d’être charmée de sa vue. Mourante, Mme de Chartres adresse à sa fille des recommandations solennelles : elle a deviné sa passion, et l’adjure de ne pas y succomber. Mieux vaut à ses yeux un départ héroïque de la cour qu’une réputation perdue. A la mort d’une mère qui lui aurait été d’une grande aide, Mme de Clèves mesure son irrémédiable solitude. Elle part pour la campagne avec son époux. Celui-ci, bouleversé par une nouvelle qu’il vient d’apprendre, travaillé peut-être par une inquiétude secrète, va lui montrer les conséquences d’un amour coupable.

M. de Clèves raconte à sa femme la surprenante histoire de Mme de Tournon. Cette veuve inconsolable affichait aux yeux de tous une vertu austère. Or, M. de Clèves vient d’apprendre que son ami Sancerre l’aimait en secret depuis deux ans et qu’il en était aimé. Une récente froideur de Mme de Tournon avait pu donner quelque inquiétude à Sancerre ; M. de Clèves lui avait conseillé de tout accueillir avec égalité d’âme... Voilà que Mme de Tournon vient de mourir subitement, et Sancerre apprend peu après qu’elle aimait en secret un autre homme.

Mme de Clèves reste perturbée par ce récit. Elle retourne à Paris, sûre de dominer ses sentiments à l’égard du duc de Nemours. A la cour, on ne parle que de la mystérieuse passion de celui-ci, qui lui fait négliger l’amour que lui porte la reine d’Angleterre. Mme de Clèves sent à nouveau un trouble s’emparer d’elle, involontairement attisé par la dauphine, qui s’imagine être cette femme aimée en secret. Lors d’une visite, M. de Nemours, à mots couverts, déclare sa passion à Mme de Clèves ; celle-ci ne sait que répondre et regrette aussitôt son silence. Elle se résout à n’avouer jamais à M. de Nemours la passion qu’elle lui porte, à fuir sa présence, cependant que l’idée de tout avouer à son mari traverse son esprit. Mais cette résolution se révèle difficile à exécuter. La dauphine lui conte l’histoire d’Anne de Boulen, mère d’Élisabeth : par ambition, cette femme a contribué à détacher le roi Henri VIII de Rome, et de ce fait, de la religion catholique. Après son mariage avec le roi, elle a vite été victime de sa jalousie, comme en témoigne sa fin tragique (condamnée à mort pour adultère).

Profitant d’une séance de pose, où se font peindre Mme de Clèves et d’autres dames de la cour, le duc de Nemours dérobe adroitement un portrait de cette princesse, propriété de son mari : l’amour, et la jalousie envers M. de Clèves, lui ont dicté ce geste peu délicat. Seule Mme de Clèves a pu le voir et ne sait quel parti adopter. Par une déclaration brûlante, le duc pousse son avantage. La princesse reste en proie aux remords les plus vifs et pense une nouvelle fois tout avouer à son mari.

On prépare un grand tournoi à l’occasion du mariage d’une fille du roi. En essayant un cheval, M. de Nemours fait une chute et se blesse. Mme de Clèves ne peut alors lui cacher son émotion. Radieux, M. de Nemours se remet vite. Mme de Clèves souffre de sentir qu’elle n’est plus maîtresse d’elle-même. Un détail fortuit va enflammer sa jalousie : la dauphine lui remet une lettre, tombée paraît-il de la poche de M. de Nemours : une femme folle de passion y accuse son amant d’infidélité et de dissimulation. La jalousie mène Mme de Clèves au désespoir. Elle regrette de n’avoir pas écouté sa mère, qui lui conseillait de quitter la cour. Elle songe encore à tout dire à un mari si généreux. La lettre, en fait, a été perdue par le vidame de Chartres (oncle de Mme de Clèves), qui cherche par tous les moyens à retrouver ce document compromettant. Le vidame conte à M. de Nemours son amour secret pour Mme de Thémines, auteur véritable de la lettre, et son engagement auprès de la reine Catherine de Médicis : celle-ci lui a proposé de devenir son confident, à condition qu’il s’abstienne de toute aventure sentimentale.

Sous aucun prétexte, Catherine de Médicis ne doit avoir connaissance de la lettre écrite par Mme de Thémines : elle retirerait sa confiance au vidame de Chartres. Celui-ci presse donc M. de Nemours de dire à tous que la lettre lui a été adressée. M. de Nemours accepte, à condition de pouvoir fournir à Mme de Clèves une preuve secrète de la vérité. Il se rend ensuite chez elle, et peut ainsi la détromper. La dauphine alors, sur ordre de la reine Catherine de Médicis, redemande à Mme de Clèves la lettre qu’elle lui a confiée la veille, mais que celle-ci, par malheur, a déjà rendue à son véritable destinataire, le vidame de Chartres. Fort embarrassée, la princesse reconstitue de mémoire, aidée de M. de Nemours, le contenu de cette lettre : en un délicieux tête-à-tête, l’héroïne, grisée, joue avec le feu. La reine n’est pas dupe : elle retire sa confiance au vidame, et poursuit la dauphine de sa haine.

La princesse de Clèves revoit avec effroi la passion qu’elle a marquée envers M. de Nemours. La honte la saisit de manquer à un homme aussi droit que son mari, tout comme la crainte d’aimer un inconstant. Pleine d’incertitude, elle part pour le château de Coulommiers, sa résidence de campagne. M. de Nemours s’y rend en secret à son tour et, caché dans un pavillon du parc, surprend une conversation entre les deux époux. M. de Clèves, intrigué par le goût soudain de sa femme pour la solitude, la presse de questions. Celle-ci finit par lui avouer, sans autre précision, qu’elle a des raisons graves de s’éloigner de la cour ; jamais cependant elle n’a manqué à la fidélité conjugale. Elle implore la compréhension de son mari. D’abord bouleversé par une telle preuve de fidélité, M. de Clèves insiste pour apprendre de sa femme le nom de celui qu’elle aime. Comme elle refuse, il laisse éclater sa jalousie. L’aveu, incomplet, a creusé un fossé entre les époux.

Restée seule, Mme de Clèves regrette son aveu ; elle a bien du mal à retrouver sa sérénité. M. de Nemours, tout à la joie de ce qu’il vient d’entendre, rentre à Paris et, sous des noms imaginaires, raconte partout cette scène hors du commun. M. de Clèves, lui, cherche à tout prix à connaître l’identité de son rival. Utilisant auprès de sa femme un subterfuge, il acquiert la certitude qu’il s’agit de M. de Nemours. Il lui redit cependant toute la confiance qu’il met en elle. Une tristesse muette gagne les deux époux. Entre-temps, la scène de l’aveu, imprudemment répétée par M. de Nemours, a fait sensation à la cour. La dauphine, de bonne foi, la rapporte à la princesse de Clèves et, devant elle, demande à M. de Nemours s’il n’est pas lui-même le rival mystérieux. Celui-ci se tire d’embarras avec adresse. Mme de Clèves, à cent lieues de penser que M. de Nemours a assisté à l’entretien, soupçonne son mari de l’avoir divulgué par jalousie. Elle lui en fait le reproche que celui-ci, travaillé par le soupçon inverse, repousse avec indignation. Aucune issue ne s’offre aux époux. De son côté, M. de Nemours regrette d’avoir parlé ; il pense avoir perdu Mme de Clèves à tout jamais. Des fêtes splendides s’organisent à l’occasion du mariage de la fille de Henri II avec le roi d’Espagne Philippe II. Mme de Clèves y tient son rang, sans rien laisser paraître. Au tournoi, M. de Nemours porte du jaune sur ses armes, en secret hommage au goût de la princesse. Le roi est tué accidentellement d’un coup de lance, et la cour connaît alors la fièvre d’un changement de règne.

François II succède à Henri II. Il chasse aussitôt Mme de Valentinois, la maîtresse de son père. Mme de Clèves obtient de ne pas assister au sacre du nouveau roi, afin de ne pas rencontrer M. de Nemours. Désespéré, celui-ci se présente chez elle, sans succès. M. de Clèves est informé de cette visite tardive. Il éclate contre sa femme en reproches contradictoires : depuis la scène de Coulommiers, avoue-t-il, sa vie n’est plus qu’un enfer. Une lettre de Mme de Clèves, le lendemain, lui rend quelque sérénité.

Mme de Clèves part pour Coulommiers, accompagnée de Mme de Martigues, sœur du duc de Nemours, avec qui elle a de longues conversations nocturnes. Cette dernière rejoint la cour à Chambord, et évoque devant M. de Nemours ces soirées délicieuses en lisière de forêt... M. de Nemours, aussitôt, décide de partir pour Coulommiers, cependant que M. de Clèves attache un espion à ses traces. A la nuit tombée, M. de Nemours s’approche du pavillon où se trouve Mme de Clèves. Il la voit rêver, nouer des rubans sur une canne qui fui jadis à lui, admirer avec passion un tableau où il figure. Comment manifester sa présence ? Il se trahit involontairement. Mme de Clèves, folle de confusion, se retire auprès de ses femmes. S’agirait-il d’une illusion ? Egaré, M. de Nemours quitte le parc, et s’abandonne à des émotions contradictoires. La nuit suivante, il s’approche à nouveau du pavillon, mais Mme de Clèves a préféré, par prudence, rester au château. Le lendemain, le duc profite de la présence de sa sœur, Mme de Martigues, pour rendre au grand jour une visite à Mme de Clèves. En dépit de son trouble, celle-ci parvient à éluder un tête-à-tête périlleux. L’espion de M. de Clèves a tout vu.

Sur le rapport - pourtant ambigu - de l’espion, M. de Clèves se persuade que sa femme l’a trompé. Une fièvre le saisit, qui donne les plus grandes craintes. Ravagée d’inquiétude, Mme de Clèves se précipite au chevet de son mari. Il lui apprend qu’il meurt par sa faute. Pourquoi cet aveu incomplet de Coulommiers, qu’il n’a pu supporter ? La vie désormais lui fait horreur. Bientôt veuve, Mme de Clèves pourra bien épouser M. de Nemours ; elle regrettera un jour l’amour fidèle et désintéressé que lui portait son premier époux. Comme la jeune femme proteste de son innocence, M. de Clèves l’accuse amèrement d’infidélité, puis accepte de se laisser détromper, avant de rendre le dernier soupir.

Mme de Clèves éprouve une douleur sans bornes. Torturée par le remords, elle se refuse à toute vie sociale. Après quelques mois, elle apprend que M. de Nemours a loué une pièce dans la maison située en face de sa résidence, guettant sa moindre apparition ; peu après, une rencontre fortuite de M. de Nemours achève de réveiller en elle une passion violente, quoique combattue par le remords. De son côté, M. de Nemours estime que plus aucun obstacle ne s’oppose à son amour pour la princesse. Il obtient enfin avec elle une rencontre décisive. En présence de l’homme qu’elle aime, Mme de Clèves ne songe pas à cacher ses sentiments ; elle annonce à M. de Nemours une sincérité entière. Celui-ci révèle alors sa présence lors de la scène de l’aveu, et elle avoue l’amour très ardent qu’elle a pour lui. La joie de M. de Nemours tourne court, car Mme de Clèves ajoute aussitôt que jamais elle ne l’épousera : son devoir (entendons la fidélité à l’époux disparu) s’y oppose. Devant la stupeur de M. de Nemours, elle ajoute une autre raison, également insurmontable : la peur d’être trompée, car les hommes sont inconstants. La scène s’achève dans un désarroi partagé : la princesse ne peut cacher à M. de Nemours qu’elle continuera à l’aimer ; elle lui laisse un timide espoir pour l’avenir, mais demeure ferme dans sa résolution présente.

Afin de rester fidèle à elle-même, Mme de Clèves part pour un long voyage. Elle fait retraite dans les Pyrénées, où elle tombe bientôt malade, au grand désespoir de M. de Nemours. L’approche de la mort la confirme dans sa résolution. Elle revient à Paris sans renouer avec le monde, et refuse une ultime entrevue avec M. de Nemours dont la passion, par la suite, s’éteint avec les années. La fin de la vie de Mme de Clèves est consacrée à des oeuvres de charité.
( Azadunifr )

La Princesse de Clèves [ sur le net ]

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