Le XVIIe siècle

Thursday, December 04, 2008



Femme de lettres


Le terme femme de lettres désigne une écrivaine ; c’est la forme féminisée de l’expression française « homme de lettres ». Ce terme se popularise au cours du XVIIe et du XVIIIe siècle, de par le rôle joué par certaines femmes cultivées et d’influence, dans les salons littéraires qu’elles organisent et qui servent de lieu de rencontre et de débats dans le milieu intellectuel parisien, et jouent ainsi un rôle prédominant à l’époque classique puis à celle des Lumières. Ces femmes jouèrent également un rôle de pionnières dans la conceptualisation de la pensée féministe, qui conduisit plus tard à la création des premiers mouvements féministes.

Dans son ouvrage Une chambre à soi, Virginia Woolf analyse l’influence de la condition féminine sur le travail artistique des écrivaines. Découragé, bridé[1], le talent de certaines femmes de lettres ne put être que le pâle reflet de ce qu’il aurait pu être en des circonstances sociales et financières plus propices à l’exercice de leur art.

Les femmes dans la littérature de la fin de l’époque moderne

L’activité littéraire des femmes fut souvent bridée par les conceptions sexistes et la structure sociale des sociétés occidentales des époques moderne et contemporaine. Leurs travaux sont souvent critiqués, minimisés, par leurs contemporains masculins et féminins. L’activité littéraire des femmes empreinte donc souvent à cette époque et plus tard des voies détournées, comme la publication anonyme (Jane Austen) ou l’usage de pseudonymes masculins : les sœurs Brontë, George Sand, George Eliot, y ont par exemple eu recours.

À partir du XVIe siècle, des femmes de la noblesse, influentes et cultivées, organisent des salons littéraires qui deviennent au cours des deux siècles suivant des hauts lieux de la vie culturelle. Leurs contributions à l’élaboration et la transmission des idées des Lumières et la vie intellectuelle parisienne et européenne est donc majeure. Des femmes de lettres comme Madeleine de Scudéry, mieux connue sous son pseudonyme de « Sappho », s’y illustrent, et ont une carrière littéraire très dense, même si dans le cas de Sappho, une partie de ses œuvres est publiée sous le nom de son frère.

L’échange de correspondance est également une activité littéraire qu’elles exercent, certaines devenant des témoignages célèbres d’une époque, et évoluent vers un véritable genre littéraire caractérisant les romans épistolaires. Le cas des correspondances de l’épistolière Marie de Sévigné est à ce titre exemplaire : rédigées au XVIIe siècle, ses lettres sont publiées de façon clandestines en 1725, puis publié officiellement part sa petite fille en 1734-1737 et en 1754, et rencontrent une grande popularité.

Les écrits de ces femmes apportent souvent à la littérature une vision féminine particulière, allant de simples badinages, à des critiques piquantes de personnalités ou des structures sociales de leur époque. Avec ces écrits émergent également les premières conceptualisations de l’ère contemporaine qui donneront naissance au féminisme. La femme de lettres Olympe de Gouges emprunte ainsi une carrière politique et de polémiste, dont les écrits portent en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs : elle est notamment l’auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Les idées révolutionnaires françaises se répandant en Europe, l’institutrice anglaise Mary Wollstonecraft publie en 1792 son pamphlet révolutionnaire et féministe, Défense des droits de la femme.

Ces femmes de lettres et leurs écrits sont parfois vivement critiqués, par les deux sexes, à cause de leur statut de femme : le critique littéraire Samuel Johnson compare ainsi les femmes prédicateurs à « un chien en train de danser : vous êtes étonné de le voir réaliser un tour, mais sa danse demeure boiteuse et mal exécutée. » Toutefois, cette critique-ci s’inscrit dans le contexte particulier de la société anglaise du XVIIIe siècle. D’autres sont mieux accueillies et font l’objet d’une véritable reconnaissance sociale et littéraire. Malgré l’aspect parfois subversif de ses écrits vis à vis de la société patriarcale et machiste de son époque, Madeleine de Scudéry devient la première femme à recevoir le prix de l’éloquence de l’Académie française.
( Azadunifr )

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