Le XVIIe siècle

Saturday, November 29, 2008









Blaise Pascal
( 1623 - 1662 )


Blaise Pascal est un mathématicien et physicien, philosophe, moraliste et théologien français.

Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les tout premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées. Il contribue de manière importante à la construction d’une calculatrice mécanique (la « Pascaline ») et à l’étude des fluides. Il a clarifié les concepts de pression et de vide, en étendant le travail de Torricelli. Pascal a écrit des textes importants sur la méthode scientifique.

Mathématicien de premier ordre, il crée deux nouveaux champs de recherche majeurs : tout d’abord il publie un traité de géométrie projective à seize ans ; ensuite il correspond, à partir de 1654, avec Pierre de Fermat à propos de la théorie des probabilités, qui influencera fortement les théories économiques modernes et les sciences sociales.

Après une expérience mystique à la fin de 1654, il délaisse les mathématiques et la physique et se consacre à la réflexion philosophique et religieuse. Il écrit pendant cette période les Provinciales et les Pensées, ces dernières n’étant publiées qu’après sa mort qui survient deux mois après son 39e anniversaire, alors qu’il a été malade toute sa vie (sujet à des migraines violentes en particulier).
( Azadunifr )

Biographie

Une vie entre le calcul et la fulgurance

Blaise Pascal,un génie. Un génie qui, malgré une mort prématurée et une grande partie de son temps consacré à la religion, a marqué l'histoire de la science, en particulier par sa grande rigueur d'analyse et son sens de l'expérience. Né à Clermont, en Auvergne le 19 juin 1623, Blaise Pascal est le seul fils d'Antoinette Begon, morte alors qu'il n'a que trois ans, et d'Etienne Pascal. Ce père, juriste et mathématicien, prend totalement en charge l'éducation du garçon. Il commence par les lettres, réservant les mathématiques pour un âge plus avancé, mais le jeune Pascal est précoce. A 12 ans, il commence à travailler seul sur la géométrie et découvre que la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles droits.

Installé à Paris avec sa famille en 1631, Blaise Pascal fréquente dès 1635 le cercle de mathématiciens de Marin Mersenne où il côtoie des savants comme Roberval, Gassendi, Mydorge ou Desargues. Ce dernier justement lui inspire l'un de ses premiers travaux, Essai sur les coniques (1640), dans lequel il reprend les méthodes de géométrie projective de son aîné et énonce le théorème de Pascal selon lequel les points d'intersection des couples de côtés d'un hexagone inscrit dans une conique sont alignés. Lorsque Etienne est nommé par Richelieu commissaire pour l'impôt dans la région de Haute-Normandie, les Pascal emménage à Rouen, où ils resteront sept ans. C'est alors une période d'intense activité scientifique qui débute pour le jeune Blaise.

En 1642, il entreprend de développer une machine à calculer afin d'aider son père dans son travail de comptabilité fiscale. Il n'a alors que 19 ans. Destinée au calcul abstrait et financier, la ''Pascaline'' additionne, soustrait, multiplie et divise, grâce à un système composé de six roues à dix dents. Bien qu'elle ne soit pas la première du genre (Wilhelm Schickard avait inventé une machine similaire en 1623), Blaise Pascal n'a pas connaissance des travaux antérieurs lorsqu'il invente son calculateur et celui-ci reste comme l'une de ses plus grandes contributions à la science. Au bout de trois ans d'effort, Pascal offre au chancelier Séguier une machine finalisée et décide de la commercialiser ; un certain nombre d'exemplaires sont fabriqués, mais le coût est trop élevé et la production sera suspendue.

Ce sont ensuite les expériences sur le vide, à la suite des travaux de Torricelli, qui occupent pleinement Pascal. De 1646 à 1654, il multiplie ces propres expérimentations avec toutes sortes d'instruments. L'une d'entre elles, décrite en détail dans Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), lui permet de confirmer la réalité du vide et de la pression atmosphérique et d'établir la théorie générale de l'équilibre des liqueurs. Pascal est également à l'origine de l'invention de la presse hydraulique, basé sur le principe qui porte son nom et qui veut que, dans un fluide incompressible en équilibre, les pressions se transmettent intégralement.

Grâce à ses connaissances en hydrostatique, il participe à l'assèchement des marais poitevins, à la demande du Duc de Roannez. Celui-là même avec qui il créera les fameuses lignes de carrosses à cinq sols pour circuler dans Paris, préfigurant les transports en commun et qui reflètent parfaitement le souci d'action concrète qui habite le savant.

A partir de 1650, Pascal s'intéresse au calcul infinitésimal et, en arithmétique, aux suites de nombres entiers. S'il n'est pas le premier à travailler sur le triangle de Pascal, puisque des mathématiciens chinois et arabes l'ont fait bien avant lui, on lui doit l'étude la plus systématique. Et c'est à l'occasion du Traité sur le triangle arithmétique qu'il énonce pour la première fois le principe du raisonnement par récurrence.

Blaise Pascal est également, avec Pierre Fermat, le fondateur du calcul des probabilités. Une correspondance suivie s'établit entre les deux hommes autour de la résolution de problèmes comme celui posé par un joueur, le Chevalier de Méré, et transmis à Fermat par Pascal, présentant une situation dans laquelle deux joueurs veulent quitter la table avec la fin de la partie. Chacun s'ayant vu attribuer le nombre de points qui lui revenait, la question est de savoir comment distribuer les mises. En fait, chaque joueur prendra la mise minimale correspondante à ses points, la somme restante étant partagée également entre eux. Les deux mathématiciens arrivent à la même conclusion, mais par des chemins différents : Fermat utilise l'analyse combinatoire et Pascal un raisonnement par récurrence.

Parallèlement, l'homme développe ses réflexions autour de la religion, un thème qui tient tout au long de sa vie une place prédominante. De retour à Paris en 1647, il est bientôt séparé de son père, décédé en 1651, et de sa sœur Jacqueline qui, comme lui séduite par l'ardeur de la foi prônée par le jansénisme, entre en religion l'année suivante. Commence alors pour lui une période mondaine, faite de sorties et de jeux, qui s'achèvera subitement en 1654, à la suite d'une expérience mystique, une révélation qui conduit Pascal à une conversion totale. Il s'installe au monastère de Port Royal (1655), à une trentaine de kilomètres de Paris, et se consacre désormais presque exclusivement à la défense du jansénisme (Les provinciales) et à des œuvres philosophico-religieuses (Pensées). Ses derniers travaux scientifiques concernent les cycloïdes. En 1658, il résout ainsi certains problèmes qui occupaient nombre de mathématiciens, liés notamment à l'aire et au volume créés par la rotation d'une cycloïde autour de son axe.

De santé précaire, Pascal meurt prématurément à l'âge de 39 ans, rongé par la douleur, probablement à cause d'une tumeur à l'estomac ayant migré jusqu'au cerveau. Mathématicien, physicien, théologien, philosophe, moraliste et fondateur de la prose classique en France, les nombreux talents de ce personnage hors du commun ont fait de Blaise Pascal une des figures les plus importantes de son siècle.

( Azadunifr )

Bibliographie

1642 : Essai pour les coniques
1647 : Expériences nouvelles touchant le vide
1648 : Essai sur la génération des sections coniques
1651 : Traité sur le vide
1654 : Traité du triangle arithmétique
1656-1657 : Lettres provinciales
1657 : Éléments de géométrie
1658: L'art de persuader
1658 De l'esprit géométrique

Les Pensées

En 1656, Pascal entreprend une Apologie de la religion chrétienne. À sa mort, l’écrivain laisse près d’un millier de fragments de notes éparses. Recopiées avec soin, la première édition des Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets, fut l’œuvre de Port-Royal (1669-1670). L’édition de Léon Brunschvicg (1897) répartit en quatorze sections, selon un ordre logique l’ensemble de ces fragments. Les thèmes fondamentaux des Pensées gravitent autour de la théologie augustinienne de la grâce. Pascal distingue trois « ordres », de la chair, de l’esprit et de la charité.

Le philosophe s’adresse à un être déchu, à un individu raisonnable mais anxieux, avide de vie et de certitude, soumis à l’ignorance. « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant ». Pascal ne parle pas d'emblée le langage de la foi que son interlocuteur ne recevrait pas : il ne part pas de Dieu pour aller à l'homme, mais de l'homme qui cherche le bonheur pour le tourner vers Dieu.

Ce dialogue avec l’incroyant sur la condition même de l’homme est mirifique. Chaque lecteur a l’impression que le théologien lui parle en confidence, à lui seul. Il communie avec l’auteur puisqu’il peut choisir ce qui lui convient et projeter ses propres désirs. Le philosophe emploie une langue simple vive et naturelle. Pascal écarte les démonstrations métaphysiques, inutiles et incertaines. Un style rare car naturel et dense. Jamais on a trouvé dans un tel ouvrage de si nombreuses expressions, de l’apostrophe au dialogue, de l’exclamation à la confidence en passant par le cri et la médiation.

Il n’est pas de texte plus riche et plus difficile que celui de ces Pensées. Il n’en est pas non plus qui exerce sur le lecteur une séduction plus immédiate. L’ouvrage s’efforce d’établir un pont entre les spécialistes et les amateurs. L’œuvre de Pascal demeure encore pleine de vie.
Résumé - pensées

Introduction

Dans les Pensées, œuvre posthume publiée en 1670, Pascal réunit les notes qu’il destinait à l’élaboration d’une apologie (= justification, défense d’une chose, d’une institution d’une personne) de la religion chrétienne. Exercé en tant que scientifique au maniement de la logique, Pascal a pris conscience lors de sa période mondaine (1651-1654) de l’intérêt de la rhétorique, pour persuader un interlocuteur libertin qu’il voudrait tourner vers Dieu. L’évocation des deux infinis est une illustration célèbre de cette alliance de la rigueur logique et du recours aux procédés de style. C’est pourquoi après avoir mis en évidence le schéma argumentatif du passage, nous étudierons l’utilisation que fait Pascal de la rhétorique pour emporter l’adhésion du lecteur.

Étude du schéma argumentatif

Pascal qui s’est assigné comme objectif de montrer à l’homme les limites de sa raison, construit son explication en trois points :

* 1. En bon pédagogue il s’appuie tout d'abord sur ce que l’homme peut observer par lui-même de plus impressionnant : le spectacle de la voûte céleste dont il est obligé de convenir qu’il le dépasse.
* 2. Puis il envisage les données que pouvait fournir l’imagination au sens scientifique, quand elle dépasse les apparences sensibles pour montrer au libertin confiant dans sa raison, les limites de la pensée conceptuelle. Notre imagination se perd dans cette pensée, c'est-à-dire la pensée de Dieu, auteur de la nature.
* 3. Il conclut avec logique et ironie que l’homme n’est rien ni dans l’espace ni par la pensée.

Le recours à la rhétorique

Chacune de ces étapes est rendue frappante donc plus convaincante par le recours à la rhétorique.

a) Etude des données observables

Après avoir mis l’homme en situation en l’invitant à se tourner vers le haut et à se détacher des objets bas, Pascal se livre à la description grandiose de la voûte céleste à l’occasion de laquelle il multiplie les procédés stylistiques. C’est d’abord une double évocation du thème de la lumière à l’aide d’une périphrase, où le soleil est désigné par l’expression ''cette éclatante lumière'', puis une comparaison impressionnante : ''une lampe éternelle''. Puis une gradation qui dépeint l’enchaînement sans fin des orbites décrites par les différents astres (trois niveaux de cercles :la Terre et le Soleil sont le premier tour par exemple) associé à la métaphore scientifique du point de la pointe très délicate qui constitue ce vaste ensemble aux regards de l’immensité de l’Univers. Le jeu de sonorités (''que les astres qui roulent dans le firmament embrassent'' : assonance en « r ») évoquent ce développement infini des cercles dont l’homme ne voit pas la fin. L’évidence de cette constatation est soulignée par la présence des phrases injonctives (Que…que…que) prouvant que l’homme peut aisément s’en convaincre par lui-même. La majesté du spectacle est mise en évidence par un rythme ternaire (qu’il regarde…) qui donne une impression de vertige dans la mesure où il épouse les étapes de la gradation qui amène l’homme aux confins de l’inconcevable.

b) l’étude de l’imagination

Mais Pascal poursuivant sa démonstration nous invite à dépasser cette première étape pour explorer les ressources de l’imagination, de la pensée spéculative pour dépasser les limites de l’observation pure (que l’imagination passe outre). Pascal alors s’appuie essentiellement sur des antithèses qui en démontrent la faiblesse. Alors ce que nous observons n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature (l’imagination se lassera de concevoir mais pas la nature de fournir...l’Homme enfle ses conceptions mais n’enfante que des atomes). L’analyse s’achève par l’énoncé d’un paradoxe déroutant pour un esprit scientifique (sphère infinie dont le centre est partout et le circonférence nulle part) Comment l’argument des merveilles de la création comme preuve de l’existence de Dieu serait-il réfutable pour un homme incapable de comprendre par la pensée l’organisation de l’Univers (puisqu’il s’y perd...).

c)Le retour à l’homme et les conclusions de la démonstration

Après cette évocation brillante de la toute puissance divine, Pascal revient à l’Homme pour lui faire ressentir sa vanité et son néant. Il commence par une antithèse associée à un jeu de mots que l’homme considère ce qu’il est au prix de ce qui est c’est-à-dire qu’il prenne conscience de son néant où peu s’en faut par rapport à l’étendu et à la puissance de la nature crée par Dieu. Il poursuit en commentant cette constatation par des métaphores ironiques (égaré dans un canton...logé dans un petit cachot), expressions qui insistent sur les limites de l’homme dans l’espace et dans les capacités de raisonner : activité humaine égarée dans l’espace, raison qui ne va pas très loin. Il a sorti les deux images d’une remarque piquante et paradoxale (j’entends l’Univers :l’homme se croit au centre de l’Univers) propre à désespérer un libertin, persuadé de pouvoir dominer la nature par la raison.

Conclusion

Ce texte célèbre le plus caractéristique de la stratégie pascalienne qui allie le brio de l’homme de lettres à la rigueur de l’homme de sciences et de sa pensée toujours en mouvement qui n’hésite pas devant le paradoxe pour atteindre un plus haut degré de vérité. Conscient des limites de la pensée humaine il la juge incapable de rendre compte de la complexité du monde et il considère le recours à Dieu dans l’ordre de la charité comme le seul moyen d’échapper à l’illusion et au désespoir.
( Azadunifr )

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