Le XVIIe siècle

Monday, November 24, 2008

Salon littéraire

Un salon littéraire est une réunion d’hommes et de femmes de lettres se rencontrant régulièrement, dans un milieu intellectuel, souvent mondain, pour discuter l’actualité de l’époque concernée, philosophie, littérature, morale, etc. Avant le XIXe siècle, on qualifie de telles réunions de société, cercle, club ou cénacle.

Avant le règne de Louis XIV, préexistaient non pas des salons mais des groupes littéraires. Le plus célèbre était celui de Malherbe dont Boileau salua l’avènement. Ce salon était réputé non pas pour aider mais pour détruire ses contemporains. Par exemple, Racan, voyant que Malherbe avait rayé environ une page sur deux d’un livre récemment sorti, commit l’imprudence de lui demander si le reste était bon. Celui-ci, d’abord interloqué, passa la première heure de leur réunion à biffer toutes les pages qui avaient échappé au premier massacre.

Il y eut ensuite jusqu’au début du XIXe siècle, des réunions assez nombreuses d’esprits d’élite ou de personnes tenant à la « société polie », qui constituèrent autant de centres, de foyers littéraires dont la connaissance est indispensable pour saisir dans ses détails et dans ses nuances l’histoire de la littérature. Comme ces salons littéraires furent presque toujours présidés par des femmes, l’histoire des premiers ne peut s’envisager indépendamment des secondes que distinguait l’esprit, le goût et le tact.

C’est dans leur salon que s’est développée l’habitude de la conversation, et qu’est née l’art de la causerie caractéristique de la société française. Ces salons où l’on s’entretenait de belles choses en général, et surtout des choses de l’esprit exercèrent une influence considérable sur les mœurs et la littérature. La première réunion de ce genre fut celle de l’hôtel de Rambouillet, dont la formation remonte à 1608 et dura jusqu’à la mort de son hôtesse, Catherine de Rambouillet, dite « Arthénice », en 1659.


Charles Nodier, salonnier du XIXe siècle.Le second salon littéraire à voir le jour fut celui de Conrart ne date que de 1629. Malgré cela, comme c’était un salon d’hommes, cette réunion littéraire privée devint, au bout de quelques années, sous la protection de Richelieu, et malgré certaines résistances, grâce à Boisrobert et à Chapelain, un corps officiel d’où est sorti l’Académie française.

Vers le milieu du XVIIe siècle, l’abbé d’Aubignac eut une réunion littéraire dont il voulut également faire une Académie. Il écrivit à ce sujet un Discours au roi sur l’établissement d’une seconde Académie dans la ville de Paris (1664) qui sollicitait le titre d’« Académie royale », mais ni le roi ni les ministres ne s’occupèrent de ces visées ambitieuses pourtant appuyées le dauphin, protecteur de l’abbé.

Scarron, dont le style burlesque fit date autant que ses épigrammes souvent acerbes ont traversé les siècles jusqu’à nous, ouvrit, au début du règne de Louis XIV, un salon qui acquit une grande notoriété après son mariage avec Françoise d’Aubigné, future Madame de Maintenon alors âgée de seize ans. Son amitié avec Ninon de Lenclos, qu’elle prit sous sa protection, et la légèreté de leur jeune âge attirèrent rapidement les mondains et les beaux esprits et enfin l’élite intellectuelle du temps.

Le XVIIIe siècle eut le salon du baron d’Holbach, « le premier maître d’hôtel de la philosophie » chez qui se réunissaient Diderot, d’AIembert, Helvétius, Marmontel, Raynal, Grimm, l’abbé Galiani, etc. On peut dire que l’Encyclopédie naquit dans cette réunion, que Rousseau, appela après sa rupture avec les Lumières, le « club holbachique », et dont Morellet, qui avait également son propre cercle, a écrit qu’« On y disait des choses à faire cent fois tomber le tonnerre sur la maison, s’il tombait pour cela. »

Un célèbre salon, au XIXe siècle fut celui de Charles Nodier à la bibliothèque de l'Arsenal où se retrouvaient les hommes les plus illustres dans le monde des lettres et des arts que la France ait produits au cours du XIXe siècle. À son arrivée au poste de bibliothécaire de Monsieur, en remplacement de l’abbé Grosier, Nodier amena à l’Arsenal la brillante pléiade des écrivains et des artistes de l’école romantique, qui trouvèrent dans leur aîné de vingt à trente ans, un guide et un appui. Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Balzac, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, Jules Janin, Eugène Delacroix, les frères Johannot, Robert-Fleury, Liszt, Amable Tastu, et bien d’autres encore, étaient les habitués de ce salon situé au premier étage de l’Arsenal.

( Azadunifr )

Hôtel de Rambouillet

L’hôtel de Rambouillet tire son nom de Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet, fille d’une Italienne du nom de Savelli et d’un diplomate français, le marquis de Piselli, qui y tint un salon littéraire de 1607 jusqu’à sa mort en 1665. Autrefois connu sous le nom d’Hôtel de Pisani, il était situé près du Louvre, à l’emplacement de l’actuel Palais-Royal.

Le salon de Catherine de Vivonne, « l’incomparable Arthénice » (anagramme – coutume très en vogue à cette époque dans le monde littéraire – de « Catherine »), une des personnalités féminines les plus marquantes de son temps, fut l’un des plus brillants de son époque. Elle n’hésita pas, à faire reconstruire l’hôtel de son père sur des plans dessinés par elle-même, pour qu’il comporte des pièces plus adaptées aux réceptions, en particulier une enfilade de salons communicants dans le style italien.

De la « ruelle » de sa « chambre bleue1 », « Arthénice » recevra allongée sur un lit2 les beaux esprits de son époque, tel le Cavalier Marin, histrion intelligent, mais aussi des gens de lettres et les grands personnages de son époque : Richelieu, Malherbe, Vaugelas, Guez de Balzac, Racan,Voiture feront partie de ses familiers. C’est également dans ce salon que la fille de la marquise de Rambouillet, Julie d'Angennes rencontrera son futur époux, le duc de Montausier, qui la courtisera de nombreuses années, et lui offrira la célèbre Guirlande de Julie.
« On y parle savamment, mais on y parle raisonnablement et il n’y a lieu au monde où il y ait plus de bon sens et moins de galanterie » écrira Chapelain à propos de l’hôtel de Rambouillet. Ce monde jeune et gai qu’est l’hôtel de Rambouillet, les bals et les plaisirs se succèdent, les intrigues amoureuses se nouent et se dénouent ne fut pas une société de pédants et les divertissements y prennent volontiers un tour intellectuel. La « préciosité » qui nait dans ce salon est davantage une forme de modernisme et de féminisme que de pédanterie, où germe un esprit parmi les jeunes femmes de l’aristocratie fréquentant ce salon, durera pendant trente ans. C’est de l’hôtel de Rambouillet sortiront celles, qui s’impliqueront activement dans la Fronde au point d’être qualifiées d’Amazones.

Bien que Molière ait tourné en dérision les membres de salon, il est indéniable que l’hôtel de Rambouillet a joué un rôle monumental dans la genèse du roman moderne français. La succession sera reprise par Madeleine de Scudéry et le même Chapelain, qui a laissé quelques descriptions de ce temps, n’aura pas pour cette dernière les mêmes mots que pour Madame de Rambouillet .

( Azadunifr )

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